© crédit photo/site officiel d’Idir

« Nous avons le regret de vous annoncer le décès de notre père (à tous), Idir, le samedi 2 mai à 21 h 30. Repose en paix papa ». C’est par ce bref message sur la page Facebook du chanteur que la famille d’Idir a annoncé le décès à Paris, à l’âge de 70 ans des suites d’une maladie des poumons, du chantre de la musique kabyle.

« J’ai appris avec une immense tristesse la nouvelle du décès d’Idir, une icône de l’art algérien. Avec sa disparition, l’Algérie perd un de ses monuments », a réagi par tweet Abdelmadjid Tebboune, le Président algérien.

Idir, de son vrai nom Hamid Cheriet était né le 25 octobre 1949 dans le village d’Ait Lahcène, près de Tizi-Ouzou. Géologue de formation, il se destinait aux industries pétrolières avant qu’il ne soit happé, à l’orée des années 70,  par le monde de la musique.

L’artiste apparait pour la première fois sur le devant de la scène, en 1973, sur Radio Alger en remplacement de la chanteuse Nouara. Il y enregistre deux chansons « Rsed a Yidess » (« Que vienne le sommeil ») et surtout « Vava Inouva » (« Mon papa à moi»)  qui connait un succès immédiat. Le jeune Hamid, qui est alors sous les drapeaux, ne le sait pas encore mais sa longue carrière ne fait que débuter. 

En 1975, deux ans après son apparition médiatique, une fois les obligations militaires accomplies, il part à Paris à l’invitation de la maison de disques Pathé Marconi. Le titre « Vava Inouva », qui deviendra un album éponyme en 1976, est un tube à l’international. Une première pour le Maghreb.

Il s’installera ensuite en région parisienne qui deviendra dès lors son nouveau port d’attache. Peu à l’aise avec le star système, le poète algérien s’éclipsera volontairement du paysage artistique durant une décennie (1981-1991).Bien que peu productif sur la durée, il a composé huit albums studio en un peu plus de quatre décennies, il aura collaboré avec de grands noms de la scène culturelle française et internationale. 

En 1999, Manu Chao, l’Orchestre national de Barbès, Geoffrey Oryema ou encore Maxime Leforestier apporteront leur écot sur l’album « Identités ».  En 2007, c’est en plein débat sur l’immigration et l’identité nationale, pendant les élections présidentielles françaises, que sort son nouvel opus « La France des couleurs » auquel participeront, entre autres, Grand Corps Malade, Tiken Jah Fakoly ou encore Akhénaton.

Ce n’est qu’en 2018 qu’il renouera avec son pays d’origine, après 38 ans d’absence, lors d’un unique concert à la Coupole d’Alger, à l’occasion de Yennayer, le nouvel an berbère.

Les douces mélodies d’Idir puisaient leurs inspirations dans les traditions orales de la Kabylie de son enfance. « J’ai eu la chance d’avoir une grand-mère et une mère poétesses. On venait de loin pour les écouter. J’ai baigné dans l’atmosphère magique des veillées où l’on racontait des contes et des énigmes. Dans une société de culture orale, la valeur du mot est immense. La capacité à ciseler les mots, à inventer des images, est aujourd’hui encore très prisée chez nous », confiait-il, en 2013, à un journaliste de Libération.

« Ce n’est pas un chanteur comme les autres. C’est un membre de chaque famille», analysait avec justesse le grand sociologue français, Pierre Bourdieu. 

Puisse le Créateur, en ce mois sacré de Ramadhan, l’accueillir dans son vaste Paradis. 

Mansouria Fodeili