C’est officiel depuis mardi. François Gouyette est le nouvel ambassadeur de France en Algérie. Le nouvel impétrant, qui a reçu l’agrément des autorités algériennes, succède à Xavier Driencourt parti à la retraite. 

Après Abu Dhabi, Tripoli, Tunis et Ryadh, c’est donc au tour d’Alger d’accueillir François Gouyette en tant que nouvel ambassadeur de France. Nommé en Conseil des ministres par le Président de la république française Emmanuel Macron, le 29 juillet 2020 en remplacement de Xavier Driencourt, cet excellent arabisant tentera d’impulser une nouvelle dynamique dans les relations entre les deux pays. 

De son coté, Alger a tout naturellement accepté les lettres de créance du nouveau représentant de l’Etat français. «Le Gouvernement algérien a donné son agrément à la nomination de son Excellence monsieur François Gouyette en qualité d’Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République française auprès de la République algérienne démocratique et populaire», indique le communiqué du ministère algérien des Affaires Etrangères.

Un spécialiste du monde arabe

Le parcours de François Gouyette ne laisse planer aucun doute sur sa passion pour les pays arabes. A 64 ans, ce diplomate chevronné a voué l’ensemble de sa carrière à l’espace méditerranéen avec une prédilection pour le monde arabe. Ce goût pour cette région du globe, et ses habitants, remonte à la période où le jeune François était sur les bancs de Sciences Po Paris. Parallèlement à ses études de la rue Saint Guillaume, il s’inscrit à l’Inalco (Institut des langues orientales) afin d’y apprendre l’ arabe dialectal. Sa maitrise de la langue le décidera même à décrocher le diplôme de traducteur en français-arabe.

C’est en 1981 qu’il se dirige vers la voie diplomatique. Une première expérience de Secrétaire d’ambassade à Tripoli, en Libye (1981-83), avant de poursuivre à Djeddah (1983-85), puis à Nicosie (1985-87). Au début des années 90, on le retrouve à Damas (1990-93) en tant que Premier conseiller d’ambassade. Poste qu’il occupera de nouveau à Ankara en 1996.

La fonction d’ambassadeur lui sera proposé à l’aube du 21è siècle avec un premier poste aux Emirats Arabes Unis (2001-05). Avant de retrouver les pays arabes, il sera chargé – entre 2005 et la fin 2007 – du processus euro-méditerranéen. C’est en 2008 qu’il récupère de nouveau une ambassade en Libye. Pays qu’il devra quitter trois ans plus tard suite aux troubles qui suivent le meurtre de Muhammar Kahdafi. En 2012, Tunis sera son nouveau port d’attache. Puis, ce sera au tour de l’Arabie Saoudite de l’accueillir, a partir de septembre 2016.

Une proximité avec l’Algérie

Outre la maitrise de la complexité des contextes géopolitiques des pays du Machrek et du Maghreb, François Gouyette a de vraies attaches avec le plus grand pays d’Afrique. En effet, le natif de Vincennes – en région parisienne – parle parfaitement l’arabe dialectal et peut se targuer d’être un grand connaisseur des maitres du chaabi et du qcid. Il est par ailleurs issu d’une famille de « pieds-noirs » puisque son père Maurice a vécu une partie de sa vie à Béjaïa, en petite kabylie. Son histoire familiale l’a davantage rapprocher de l’Algérie depuis son mariage avec Halima, une femme d’origine algérienne qui s’avère être une passionnée d’art.

L’homme idoine pour une coopération renouvelée

Le choix de l’ancien Conseiller diplomatique de Jean-Pierre Chevènement, au ministère de l’Intérieur, est tout sauf anecdotique. Il traduit à la fois la volonté de Paris de redensifier les rapports entre les deux nations. Il montre aussi l’importance qu’accorde l’Elysée à son ex-colonie sur l’échiquier africain, régional et méditerranéen.

Avant de quitter ses fonctions Xavier Driencourt entrevoyait déjà le couple Algéro-Français sous un autre jour . « Je suis d’accord pour dire qu’il fallait un nouveau chemin entre nos deux pays.Ils doivent faire ensemble ce chemin et regarder dans la même direction », avait conseillé l’ex-ambassadeur à Alger.

Cette perspective de consolidation des relations entre les deux rives de la Méditerranée est d’autant plus nécessaire que les défis auxquels Alger et Paris sont confrontés sont nombreux.

A l’heure où l’avenir de l’Algérie est incertain en raison des tensions régionales (Libye, Sahel, question du Sahara Occidental), de l’inconnue de la période post-Covid-19 et de l’effondrement de l’économie mondiale  – aggravée par un cours du pétrole assez bas -, la nomination d’un fin connaisseur de l’environnement algérien ne peut que rasséréner les deux voisins.

Nasser Mabrouk