Abdel Chouache est éducateur sportif à Saint Denis (93). ll est aussi recruteur et superviseur de match pour l’Aj Auxerre depuis 2014. Le Franco-Algérien nous explique dans le détail ses fonctions pour le club bourguignon.

Vous êtes recruteur pour l’AJ Auxerre, club de Ligue 2 française. A quand remonte vos débuts dans ce métier?

Abdel Chouache : En septembre 2006, j’ai commencé ma collaboration avec l’AJ Auxerre (AJA) en tant que recruteur pour le centre de pré- formation et le centre de formation. Depuis 2014, j’ai eu une promotion interne en intégrant la cellule de recrutement de l’équipe professionnelle. Je détecte aussi sur de la post-formation, des joueurs de 18 à 21 ans, sur la région parisienne et les Hauts de France.On travaille en équipe. Le recrutement n’est jamais l’affaire d’une seule personne. On est cinq à se partager le territoire français. On est aussi sur les championnats suisse et belge ainsi que sur la 2è division espagnole, et depuis quelques mois, on a un scout sur l’Afrique.

Comment avez-vous été choisi par Auxerre pour être son œil sur Paris?

J’ai été éducateur chez les jeunes jusqu’aux séniors au S.D.U.S (93) à Saint Denis, ville où j’ai grandi. J’y suis toujours en tant qu’éducateur sportif. Lorsque je m’occupais des U15 DH ( 2003), puis quand j’étais responsable technique pour le Paris Football Club ( 2004 à 2006), les recruteurs  des clubs professionnels venaient souvent voir les matchs chez les jeunes. Notre club avait de très bons joueurs qui étaient sollicités pour faire des stages en structure professionnelle.C’est à ce moment-là que j’ai connu Daniel Rolland et d’autres responsables du recrutement. En 2006, j’ai accepté la proposition de l’AJA. On était 5 scouts répartis sur la région parisienne. J’étais chargé des départements de Seine Saint Denis et du Val de Marne.Puis en 2011, on m’a confié la coordination du recrutement en Ile de France sous la responsabilité de Vincent CABIN. Je continuais à observer, évaluer, détecter et inviter les meilleurs jeunes de 12 à 18 ans à faire des stages sur Auxerre. Il ne s’agissait pas d’évaluer le meilleur joueur dans chaque équipe mais celui qui avait le plus gros potentiel.

Vous avez une autre casquette qui est celle de superviseur des adversaires de l’AJA. En quoi consiste ce rôle?

Depuis Août 2014, mes missions consistent à faire des rapports sur les joueurs évoluant en ligue 1, Ligue 2, National 1 – 2 – 3. Une autre partie  de mon travail est de faire un rapport détaillé sur les adversaires. Cela se décompose de la façon suivante:  prise de notes sur la composition des équipes, le ou les systèmes selon l’évolution du match, les animations défensives et offensives, une observation générale des joueurs ainsi que l’analyse des coups de pieds arrêtés défensifs et offensifs. Nos notes  sont complémentaires du travail opéré par le staff technique et par l’analyste vidéo qui fait tous les montages de match.Généralement, on supervise l’équipe adverse une à trois semaines avant de la rencontrer.

De quelle manière s’organise votre travail d’observateur?

Il faut de l’organisation, de la préparation et de la méthode pour planifier les rencontres et observer toutes les équipes. L’objectif est de connaître tous les joueurs dans chaque division.J’observe les matches de Ligue 1 et 2. Je fournis un rapport détaillé sur tous les joueurs afin de les répertorier dans notre base de données. L’observation de l’adversaire est différente d’un rapport sur un joueur. C’est un peu plus conséquent. Cela demande d’être précis sur ce qu’on voit le Jour J. Le week-end, il m’arrive de regarder le match pour confirmer ou corriger mes appréciations. Au niveau de la post-formation, on a une feuille de route sur les profils recherchés. Nous observons des joueurs du National 1, 2 et 3 et des réserves d’équipes professionnelles.

Qu’est-ce qu’un bon superviseur?

Il faut bien connaitre le football et le club pour lequel on va être recruté. Mon expérience antérieure, d’éducateur chez les jeunes et d’entraineur séniors, m’aide au quotidien. La connaissance du football de haut niveau aide aussi à cibler les joueurs à fort potentiel.Les bons recruteurs sont ceux qui durent dans le temps car ils ont cette capacité à voir le vrai potentiel du joueur. 

 A quoi faut-il être particulièrement attentif?

J’observe les qualités physique, technique, tactique et mentale.Je vais, par exemple, être attentif aux déplacements avec ou sans le ballon, à la technique individuelle, aux prises de balles, aux enchainements, à la vitesse d’exécution, à la prise d’information, à la compréhension du jeu, à la finition. Tout cela dépend des postes. Sur l’aspect athlétique, ce sera l’endurance, celui qui répète les efforts, la vitesse et pour certains profils la puissance.Quel que soit le poste observé, on regarde l’intelligence du joueur dans ses déplacements et dans sa lecture du jeu. Autre aspect fondamentale dans le recrutement, c’est l’attitude du joueur. On tient compte de son caractère, de son comportement, de sa détermination car c’est essentiel pour aller au plus haut niveau.On vient donc avant le match voir comment il se comporte à l’échauffement et sur le terrain. 

Précédemment vous étiez recruteur chez les jeunes pour le club bourguignon. Est-ce que cela vous aide dans votre fonction actuelle?

Les critères d’identification sont les mêmes. Le recrutement du jeune est basé sur la détection d’un potentiel talent ce qui est totalement différent de l’analyse du joueur pro.Mon parcours me permet d’avoir des entrées dans les clubs et d’avoir des échanges avec les responsables techniques au niveau des jeunes comme chez les Pro.Ce qui est important, c’est d’avoir du réseau fiable. Avec les années, je peux m’appuyer sur certaines personnes qui donnent de bons tuyaux. 

Faut-il avoir été footballeur ou avoir passé ses diplômes d’entraineur pour occuper la fonction de recruteur ou de superviseur?

Je pense que les clubs s’appuient sur des personnes qui ont des compétences en matière de football. Plusieurs passerelles s’ouvrent peut être plus facilement aux anciens joueurs professionnels.

Avez-vous été approché ces dernières années par d’autres clubs ou par des structures liées à des agents?

Oui, mais j’ai toujours décliné l’offre avec les agents car je n’ai pas envie de m’engager dans cette voie. Chacun son métier. A un certain moment des clubs se sont manifestés. J’y ai réfléchi. Je reste à Auxerre car je suis très attaché à ce club.On a une bonne équipe.On communique bien. Je m’épanouis. Cependant, dans la vie, on est tous ambitieux. Je souhaite un jour avoir des responsabilités. Si c’est à l’AJA, ce serait une grand satisfaction.Pourquoi pas prendre en charge une cellule de recrutement?

Une expérience à l’étranger vous titille-t-elle? 

L’AJA a mis en place des académies en Chine. Je suis parti cet été à Bambu pour entrainer les 14-15 ans..J’ai remplacé le responsable de l’académie,C’est une marque de confiance de la Président et du Directeur sportif. Il y avait une option pour continuer l’aventure mais je suis revenu en France pour des raisons d’ordre privé. Cela m’a cependant redonné le goût pour ré-entrainer. Cela a été une expérience enrichissante. Je vais prendre des cours d’anglais pour m’améliorer car je ne pense pas être éducateur sportif toute ma vie. J’aimerais plus tard travailler pour un club anglais sur du scouting dans un département jeune ou professionnel. 

Entretien réalisé par Nasser Mabrouk