© crédit photo/ Real Madrid Clinics

Pouvez-vous vous présenter brièvement pour nos lecteurs?

Shaima Chebana : J’ai 22 ans.Je suis actuellement Business Development Manager au sein de la fondation du Real Madrid Clinics. C’est une branche de la fondation du Real Madrid.Je viens de valider un master 2 en marketing et management du sport.Cela m’a permis d’enchainer sur un CDI au sein de la Fondation. J’y étais à la base en alternance pour valider mon diplôme. A coté de cela, je suis Présidente de l’association Des Aides Djazair. C’est un jeu de mots pour faire référence au sigle DZ. Nous sommes dans une démarche sociale et nous incluons tout le monde. Ce sont les valeurs que prônent les Algériens. 

Le sport, c’est vraiment votre moteur

J’ai intégré un cursus Staps après le Bac.A coté de cela, je suis arbitre. J’officie au niveau régional et en National en tant qu’assistante sur des rencontres de U17 et U19 masculins et sur de la D2 féminine. J’espère passer l’examen pour être assistante en D1 féminine. Je suis aussi éducatrice sportive avec la Fondation Real Madrid Clinics et sur une équipe U13 féminine. Cette année, j’encadrerai en U16 régional masculin.

D’où vous vient cette passion pour le football ?

Tout simplement de mon papa qui m’a transmis sa passion. Il a un diplôme DEF et un diplôme UEFA A. Je pratique le foot depuis l’âge de 5 ans. 


© crédit photo/ Real Madrid Clinics

Vous parliez de l’arbitrage. Qu’est ce qui vous a amené à être arbitre?

La pratique du football féminin n’évoluait pas tant que cela au niveau du jeu. A l’époque, j’étais aussi au lycée. Je n’avais pas d’argent de poche. Quand j’ai su que l’arbitrage était rémunéré, je n’ai pas hésité. Au bout de quelques mois, je me suis rendue compte que c’était une réelle passion. 

Auriez vous aimé faire carrière en tant que joueuse professionnelle?

Cela m’aurait intéressé. Aujourd’hui, c’est dans l’arbitrage que je veux percer.  Je pense avoir les capacités pour cela.

Si cela marche pour vous, espérez vous un jour basculer sur le football masculin?

Quand on fait un choix entre les filles et les garçons, c’est définitif.Au début, je voulais aller chez les garçons en me présentant à l’examen pour les U17 et U19 Nationaux et être arbitre au centre. Je me suis mise en tête de passer en filière « assistante » en D1 féminines. Ensuite, si je fais de bonnes performances, pourquoi pas aller en sélection jeunes et seniors au niveau National.

Revenons à votre collaboration avec le Real Madrid.Que sont les stages Real Madrid Clinics?

Nous sommes une branche du Real qui a été externalisée. C’est une co-gestion entre une entreprise allemande et la fondation. Ces stages de football sont dédiés à un public âgé de 6 à 16 ans. Ce ne sont pas des stages de détection mais de perfectionnement. Ils permettent de développer l’image de marque du Real Madrid et d’apporter aux enfants de nouvelles technologies.On utilise des chasubles connectées. On mesure leur performance avec des gps. Etant donné que nous sommes sur le volet formation, nous transmettons aussi les valeurs du club. Les stages sont payants. Les fonds sont en partie reversés à la fondation qui organise en retour des stages gratuits dans des zones où la pauvreté est visible comme en Afrique sub-Saharienne, en Amériques Centrale ou Latine.


© crédit photo/ Real Madrid Clinics

Qu’apprennent les enfants durant ces stages?

Ils se déroulent sur cinq jours, du lundi au vendredi, pendant les vacances scolaires. Ils ont lieu chez le club partenaire qui nous accueille. Ce sont des séances de football basées sur la technique avec des exercices spécifiques. On y ajoute les valeurs du Real : le respect, le fair-play, la maitrise de soi, le dépassement de soi. A l’issue du stage, les meilleurs peuvent participer à une finale nationale, voire européenne, qui se déroule au stade Santiago Bernabeu

Est ce que ce sont les mêmes méthodes qui sont dispensées au centre de formation du Real Madrid?

C’est un programme qui a été mis en place par la Cantera (l’Académie du Real). Nous avons une session de formation, une fois par an à Madrid, qui est dispensée par Solari, Roberto Carlos….Cette méthode est la même d’un pays à un autre. Cette année avec le coronavirus, on s’est adaptés en faisant un programme d’entrainements sans contact.


© crédit photo/ Real Madrid Clinics

Vous êtes Business development manager. En quoi consiste votre rôle?

Je suis chargée de créer ces « clinics » en France, en Suisse et en Belgique. Mon but est de trouver les partenaires que sont les clubs. Je gère ces partenariats avant, pendant et après les stages. De la logistique jusqu’au bon déroulement des stages. Les clubs supports ne fournissent rien. On leur demande seulement de mettre à disposition un terrain sur lequel on peut mettre 100 joueurs.Ils fournissent également une cantine car les enfants sont en demi-pension. A la fin du stage, et en fonction du nombre d’inscrits, le club reçoit une dotation financière qu’il peut partager avec l’association de son choix. On reste ainsi dans cette dimension humanitaire de la fondation.Je gère aussi la communication de la fondation Real Madrid Clinics France et Belgique ainsi que les ressources humaines au niveau des entraineurs.

Combien d’entraineurs mobilisez vous par stage?

Cela dépend du nombre d’inscrits.Hors période Covid-19, nous sommes à 6 entraineurs, plus 3 assistants du club qu’on mobilise, pour une centaine d’enfants. S’ils sont compétents, on peut les recruter par la suite pour qu’ils fassent partie de notre équipe.Avec le Covid-19, nous avions à 1 entraineur pour 11 enfants.C’est la législation qui nous l’a imposés.

Les enfants qui y participent sont ils déjà licenciés dans des clubs?

Oui, en général. On a parfois des gamins qui font du volley ou du hand. C’est ouvert à tous et mixte. On fait des groupes d’âges homogènes. Le mardi et le jeudi, ce sont des tournois.Tout le monde peut jouer avec tout le monde. Cela nous permet d’évaluer les valeurs des grands envers les plus jeunes par exemple.


© crédit photo/ Real Madrid Clinics

Se sent on investi d’une mission quand on travaille pour une telle institution?

Quand on porte le maillot du Real Madrid on doit le représenter à 100%, et comme il se doit.On est tenus au maintien d’une image de marque.

Vous parliez de votre association Des Aides Djazair. Quels sont vos rapports avec l’Algérie?

L’Algérie, ça ne s’explique pas. C’est un rapport très profond. Mes deux parents sont Algériens. Je vais au moins une fois par an en Algérie. J’y étais l’an passé pour célébrer la Can. A la base, je voulais faire mon stage à la Fédération algérienne de football. J’ai fait passer plusieurs cv mais je n’ai pas eu de retour. C’est dommage car on a les moyens de mettre en place une politique marketing et communication sans passer par un prestataire extérieur.

Pouvez vous nous en dire un peu plus sur votre association?

En hommage à nos racines, l’association s’appelait Association Djazair. Elle était présidée, depuis 2004, par ma mère. Je l’ai reprise et j’ai changé le nom pour avoir une audience plus large. Je ne veux pas me restreindre à un cercle algérien. L’idée, c’est d’aider beaucoup plus de monde.Ma mère l’avait initialement créée pour les femmes célibataires en situation d’isolement, de pauvreté et pour les migrants aussi (Syriens, Ethiopiens…). C’était beaucoup d’accompagnement administratif, de maraudes, de distributions alimentaire et vestimentaire. Ainsi, chaque trimestre, on envoie des vêtements au Mali par le biais d’une adhérente. Il y a aussi des cours d’arabe, d’anglais, d’art plastique. On fait aussi des sorties loisirs, culturelles et familiales à moindre cout pour extraire les personnes de leur quotidien. On a aussi élargi le groupe aux hommes, et surtout aux enfants. 


© crédit photo/ Des Aides Djazair

Est ce que vous avez prévu de faire des choses avec l’Algérie?

C’est prévu. On a fait une refonte de l’association en juin pour essayer de mobiliser des fonds par le biais de subventions et de dons. Dans un premier temps, nous aimerions mener des actions dans le Sahara. Si l’association grandit, on pourra alors agir un peu partout en Afrique. 

Entretien réalisé par Nasser Mabrouk