
Au centre commercial de Bab Ezzouar, banlieue d’Alger située à quelques encablures de l’aéroport d’Alger et tout proche de la tentaculaire université de Bab Ezzouar, on y trouve comme partout dans le monde des boutiques, un hypermarché, des points de restauration, des cafés, des jeux pour les enfants…mais pas que. Il est un lieu, sis au deuxième niveau du centre, que le chaland habitué à fréquenter ces temples de la consommation ne rencontre pas très souvent. Cet endroit, c’est la galerie Ezzou’art.« Elle appartient au centre commercial. Outre le lieu qui est mis gratuitement à disposition, on offre les affiches, les flyers et le vernissage aux artistes. On y expose environ toutes les trois semaines », explique Amel Benmohamed la co-gérante. Cet espace de 50 m2 dévolu à la culture à la particularité d’être oecuménique. Tout le monde est le bienvenu, professionnel comme amateur, pourvu qu’il ait cette fibre artistique « Nous sommes ouverts à tous types de proposition. Nous ne nous limitons pas qu’à des expositions.On peut faire des performances, des installations, de la photographie, de la céramique, de la sculpture. On fait aussi des lectures de poésie, des rencontres littéraires, des lancements de clip, des ateliers pour enfants et adultes. On sélectionne aussi des autodidactes qui même s’ils n’ont pas eu une formation académique n’en sont pas moins des artistes », se félicite madame Benmohamed, formée par ailleurs aux Beaux Arts d’Alger.

A la galerie Ezzou’art, il n’y a donc pas de discriminations. Le choix des exposants est par ailleurs collégial. Il se fait en étroite collaboration avec le service communication du centre commercial. Certains sont démarchés directement car ils suscitent la curiosité des organisateurs mais la plupart du temps ce sont les artistes eux mêmes qui proposent leurs travaux pour se faire connaitre auprès des médias et du grand public. Les visiteurs quant à eux sont éclectiques.Toutes les tranches d’âges et tous les profils poussent la porte d’Ezzou’art pour venir y contempler les oeuvres. « Les gens qui nous rendent visite sont très divers. Il y a des intellectuels, des parents qui viennent avec leurs enfants mais la galerie est fréquentée majoritairement par un public qui ne va pas dans les lieux culturels. Quand ils viennent au centre commercial, ils sont attirés par ce qui se passe ici. Ils rentrent et posent des questions. Ils sont curieux d’en savoir plus sur le lieu. A ceux là, je fournis des explications sur les expositions en cours », précise la peintre qui est par ailleurs photographe professionnelle. Idée originale, la galerie Ezzou’art reste malheureusement une initiative un peu trop esseulée à l’échelle du pays. Alors que la scène culturelle algérienne grouille de talents, la multiplication de lieux d’exposition devrait être une priorité pour les autorités concernées. « Il y a beaucoup d’artistes qui font un travail magnifique. Malheureusement, ils sont un peu dans l’ombre. Malgré cela, ils continuent de travailler et d’exposer. Il y a par ailleurs pas mal de jeunes qui font du street-art. On le voit surtout avec le Hirak. Il y a vraiment une génération qui veut parler d’elle et qui refuse de se taire », constate Amel Benmohamed. En attendant que de nouveaux espaces dédiés fleurissent, la rue algérienne continue heureusement de servir de galerie d’art à ciel ouvert.
Nasser Mabrouk