C’est par le truchement du magnifique documentaire de Yann Arthus, « l’Algérie vue du ciel » que le grand public, en Algérie et dans le monde, a découvert le fameux Ksar Draa, situé à quelques encablures de la non moins superbe Timimoun.

Entre Gourara et Saoura, l’ édifice se niche, en plein erg occidental, au milieu de milliers de dunes. Bateau de forme circulaire échoué dans un récif dunaire, Ksar Draa lutte inlassablement contre le froid, la chaleur ou les tempêtes de vent à chaque début de printemps.

Durant les années fastes du tourisme saharien, le site, et ses environs étaient régulièrement inscrits sur les tablettes de tous les grandes agences de voyage européennes. On le parcourait soit en randonnée simple, soit en méharées d’une semaine et plus.

Aujourd’hui, il est un des endroits les plus attractifs de la région du Gourara. De novembre à février, à l’abri des pistes et routes du Sahara qui permettaient autrefois aux caravaniers de descendre vers le Touat ou de remonter vers les hauts plateaux, les voyagistes continuent de faire découvrir aux touristes locaux ce majestueux ksar. Grâce au coup de projecteur de Yann Arthus Bertrand, l’endroit est devenu une des grandes curiosités des Algériens. Un site phare qui ne cesse de révéler ses secrets aux visiteurs de tous bords.

Autour du ksar des histoires et des légendes se sont tissées au fil du temps. En l’absence de références écrites laissées par les historiens ou par les chroniqueurs d’antan, les spéculations en tous genres vont bon train. Certains le considèrent comme une halte et un relais saharien sur la route caravanière d’autrefois. D’autres le présentent comme un lieu où se sont réfugiés des juifs qui avaient fui Tamentit lors de la fameuse guerre du Touat qui opposa Cheikh Maghili à la communauté juive installée aux portes du Sahara. 

Ces histoires de trésor ont souvent occupé les esprits des nomades et autres aventuriers. Grands commerçants dans l’or saharien, en provenance du Mali et de Timbuktu « la secrète », les juifs de Tamentit avaient à l’époque le monopole de ce commerce pour le compte des dynasties Mérinides de Fès et Zianides de Tlemcen. A ce jour, les habitants d’Ouled Said, ksar le plus proche de Draa, croient à des légendes telle que l’existence de trésors gardés par des « Djins.

Impressionnant de l’extérieur, par sa forme circulaire construite sur un mamelon, le Ksar a été édifié en pierre, en toub, en bois de palmiers, en torchis et en enduit d’argile et de terre.

Quand on pénètre à l’intérieur, on y découvre une multitude de minuscules pièces. Tout autour, en surélévation, une galerie permettait de circuler et de faire le guet pour prévenir tout « rezzou », cette attaque fomentée par les brigands du désert.Malgré son état de ruine, le lieu garde toujours son charme et ses mystères. 

Si un jour archéologues et historiens se penchent sur son histoire, nul doute que Ksar Draa nous livrera quelques un de ses secrets les mieux gardés.

Mohamed Bourad