Dans cette troisième chronique notre coach Abdel nous détaille les différents postes occupés par les joueurs sur le terrain et les qualités nécessaires auxquels un bon scout doit être attentif.

Le recrutement est une affaire d’observation. On se déplace pour voir des matchs afin de dénicher le profil idoine recherché par la cellule de recrutement. Chaque poste nécessite des aptitudes et des qualités qui les distinguent les uns des autres. C’est à travers la fiche technique d’observation que le recruteur va recenser les points forts décelés chez le joueur cible. Revue d’effectif des principales positions sur le rectangle vert.

Le gardien de but

Le recruteur va analyser ses prises de balle dans des séquences de match différentes, ses relances au pied qu’elles soient courtes, longues, à l’arrêt ou sous pression d’un adversaire.Il étudie également ses sorties aériennes ainsi que ses dégagements aux poings. 

Le bon gardien doit être doté d’une bonne lecture du jeu et du sens de l’anticipation, être rapide dans ses placements et déplacements, savoir bien gérer la profondeur.     

Il doit avoir une excellente détente à la fois verticale et horizontale. Son explosivité et sa vitesse de réaction sont des atouts. La taille (1m85 minimum) peut être un critère pour jouer au plus haut niveau même s’il existe des contre-exemples à l’instar d’un Anthony Lopez (Olympique Lyonnais).

La force mentale est aussi un élément déterminant dans la recherche d’un bon gardien. Il doit avoir du caractère. Le recruteur se focalisera sur la régularité de ses prestations, sur l’influence qu’il exerce sur son équipe,  sur la communication aves ses partenaires, sur la sérénité qu’il dégage, sur son efficacité dans les moments clés d’un match.

Dans le football moderne, le poste a beaucoup évolué. Avec l’entrée en vigueur en 1992 de la règle qui interdit au portier de se saisir du ballon à la main, quand un coéquipier lui adresse une passe en retrait, la qualité de pied est devenue primordiale. On estime que le gardien de but est ainsi devenu le premier relanceur de son équipe.

Le défenseur axial

Il va être jugé sur sa capacité à bien défendre. Cela passe par l’analyse des qualités suivantes : la vitesse, la puissance, la détente, la répétition des courses brèves et à haute intensité. La lecture du jeu (placement, déplacement, alignement et gestion de la profondeur) est aussi un élément essentiel à prendre en compte. Techniquement, on recherchera des joueurs à l’aise dans leur prise de balle, capables d’enchainer des relances courte ou longue en étant sous pression.

Le Latéral

Outre la vitesse, la puissance, l’explosivité et la détente, un bon latéral doit avoir la capacité à répéter les courses longues et intenses. Il est censé apporter le surnombre offensif et délivrer des centres de qualité. Il sera surtout évalué sur les duels remportés dans sa zone défensive et dans sa compréhension du jeu.

Le milieu défensif

Poste clé dans une équipe, c’est le lien entre les lignes. C’est aussi le poumon de l’entre-jeu. Selon les profils recherchés, l’endurance, la vitesse ou la puissance seront privilégiées. Son abattage sur le terrain (courses, démarquage, appui, soutien) distingue un très bon milieu d’un joueur lambda. Le scout observera sa capacité à anticiper, à cadrer le porteur du ballon, à répéter les efforts intenses dans les duels, à assurer la couverture et l’alignement défensifs.

Son intelligence pratique sera une donnée essentielle dans l’analyse du joueur. L’importance de sa technique apparait à la récupération du ballon à travers la qualité de sa première prise de balle, de ses enchaînements, de l’orientation de son jeu (vision de jeu), de sa facilité à transpercer les lignes (jeu court, dans l’intervalle, casser les lignes, à dribbler en allant vers l’avant).

Le milieu de terrain peut donc être soit travailleur (position basse sur la pelouse) ou créatif (position plus haute) selon la philosophie de jeu définie par l’entraineur.

Le milieu excentré

C’est un joueur explosif, endurant et capable de répéter les courses. On sera attentif en tant que recruteur à la vivacité de leurs appuis et de leurs enchainements car placés dans leur couloir ils percutent et provoquent en 1 contre 1. Il est important de choisir des profils à l’aise techniquement pour éliminer leurs adversaires et dotés d’une belle adresse dans le centre ou la finition. Le football d’aujourd’hui a ajouté une corde à l’arc de ceux qu’on appelait autrefois les ailiers. Ils sont aussi astreints aux tâches ingrates. A la perte du ballon, ils doivent presser les défenseurs, en cadrant le porteur du ballon ou en effectuant un rapide replacement défensif pour bloquer les couloirs des latéraux. 

L’ attaquant

C’est la perle rare à trouver. Dans le football de haut niveau, le profil idéal sera celui d’un joueur complet. La cellule de recrutement s’attachera à noter ses déplacements, sa pointe de vitesse, son explosivité, sa capacité à répéter les sprints, la rapidité d’exécution dans le dernier geste, son sang froid face au gardien ainsi que son repli défensif (attitude à la perte du ballon, replacement, pressing).Selon les projets de jeu des coachs, il prendra la profondeur, dévorera les espace, décrochera, sera bon techniquement mais surtout adroit devant les buts.

Islam Slimani

Cette description des profils (domaines athlétique, technique, tactique, mental) n’est qu’un outil d’aide à la décision car quels que soient les postes observés, l’intelligence et la réflexion du joueur demeurent les invariants indispensables pour évoluer au plus haut niveau. Face à des blocs renforcés et regroupés près de leur surface de réparation, à des équipes prêtes physiquement, techniquement et mentalement, l’élément qui sortira du lot sera toujours celui qui voit avant les autres. 

La taille des joueurs ne doit pas être un facteur excluant mais on constate qu’elle prend de plus en plus d’importance pour certains postes (défenseurs axiaux, milieux défensifs) au plus haut niveau.

Enfin, les critères psychologiques et mentaux sont très importants. Car une grande partie de la réussite d’une carrière professionnelle se mesure à l’état d’esprit, au tempérament, à la sérénité, à la gestion des émotions, et notamment de la pression. Le talent seul ne suffit pas. C’est le mental qui fait la différence, d’où l’intérêt d’observer le joueur le plus longtemps possible.

Abdel Chouache