Jeune peintre autodidacte de 30 ans, Omar Rahmani est originaire de Laghouat. Il aime pratiquer son art , de styles impressionniste et expressionniste, en pleine nature, à son domicile où dans l’atelier qu’il occupe en ville chez son mentor, Belkacem Saidat. Rencontre avec un artiste contemplatif.
Devenir artiste peintre a-t-il toujours été un objectif depuis votre enfance ?
Omar Rahmani : Oui, j’ai toujours voulu devenir un artiste-peintre. J’ai commencé à peindre depuis que je suis enfant. Je ne me souviens pas quand j’ai eu ce déclic mais je pense que j’ai toujours su que la peinture correspondait à ce que je voulais faire.
Qu’est ce qui vous intéresse dans la peinture?
Créer des œuvres d’art en tous genres est fascinant pour plein de raisons.Quand je passe une journée à peindre, je rentre dans une sorte de bulle ou je suis seul. Je suis en paix dans mon monde, accompagné seulement par mon imaginaire.
Comment définirez votre peinture ?
Mes peintures suivent deux mouvement artistiques : l’impressionnisme et l’expressionisme. Quand il fait bon et qu’il y a du soleil, j’ai toujours envie de me retrouver dans la nature pour peindre à la manière des impressionnistes.
Pouvez-vous nous expliquer votre processus créatif ?
Il commence par une idée qui vient intuitivement. Cela peut aussi être une envie soudaine de me mettre à peindre. Mes pensées viennent de manière fluide.Même quand il y a du monde autour de moi, j’ai cette capacité à faire abstraction de mon environnement pour ne pas être dérangé dans mon travail.
Existent ils des liens avec la spiritualité et la nature ?
Oui. Mes peintures ont un lien important avec la spiritualité. J’estime que peindre n’est pas qu’une pratique mécanique .C’est aussi une création intuitive qui vient de l’esprit. Je pense que je n’aurais pas était attiré par la peinture si elle n’était pas spirituelle. En ce qui concerne la nature, c’est un moyen de trouver la sérénité dans cette vie de tous les jours. Peindre en pleine air, c’est plus fascinant et relaxant aussi.
En quoi l’environnement spécifique de Laghouat influence t-il vos œuvres?
Laghouat a l’avantage d’avoir beaucoup d’espaces autour d’elle. Cela permet de trouver des endroits calmes pour peindre. En plus, c’est une région ensoleillée. La plupart du temps, il y a cette douceur. A l’intérieur de la ville, c’est plutôt le vieux centre avec ses anciennes maisons, ses palaces et ses ruelles qui influence mon travail.
Avez-vous des modèles ou des références Algériennes ou étrangères qui vous inspirent ?
En Algérie, il y a le grand artiste-peintre Rachid Talbi et le musicien-peintre légendaire Hsissen Saadi. À l’étranger, je suis très attiré par l’école russe qui met surtout l’accent sur les paysages.
Dans le cadre de votre activité participez-vous à des collectifs d’artistes ?
J’ai participé à quelques salons nationaux. En 2017 à Alger, celui du « Jeune artiste peintre » parrainé par la Société Générale.J’ai été classé 10 ème du concours. J’aimerais qu’il y ait plus de manifestations de ce genre qui donnent de la visibilité aux jeunes talents algériens. L’art en Algérie a besoin d’être présenté plusieurs fois par an. De plus, l’artiste doit être inclus dans le processus d’organisation car c’est lui le créateur. C’est lui que le public aspire à voir et à rencontrer.
Justement comment vous faites pour vous connaitre ?
Par les salons auxquels je participe. Mon mentor contribue aussi à ma médiatisation. Et puis, il y a les réseaux sociaux qui sont indispensables aujourd’hui pour faire connaitre mes œuvres .
Pensez- vous qu’un artiste à une responsabilité vis-à-vis de la société ? Si oui, la politique et les mouvements telle que le « Hirak » ont-ils une influence sur votre travail?
Je pense que la responsabilité de l’artiste est de produire des œuvres purement esthétiques. Je suis adepte du slogan : « l’art pour l’art ». Les événements majeurs n’ont jamais eu d’influence sur mes créations. Je pense que peindre pour répondre à l’actualité pourrait limiter ma créativité.
Quels sont les challenges que vous vous fixez en tant qu’un artiste en Algérie ?
Mon objectif est de créer une association des artistes-peintres algériens libres et d’ouvrir une école ou j’enseignerais ou plutôt guiderais les nouvelles générations d’artistes.
Comment voyez-vous l’évolution de l’art en Algérie ?
Je pense qu’ il y a pour le moment une lueur d’espoir mais il faut changer ou plutôt faire évoluer beaucoup de choses afin que l’art se réveille et reste vivant partout en Algérie.
Entretien réalisé par Saliha Haddad