Il a débarqué dans les dernières jours du mercato estival sur insistance de Léonardo Jardim . L’entraineur Portugais le connaissait bien pour l’avoir déjà recruté quand il dirigeait le  Sporting Lisbonne. Durant les quatre mois passés sous les ordres de son coach, Islam Slimani a brillé de mille feux. L’Algérien s’est vite fondu dans le collectif monégasque et sa complicité sur le terrain avec Wissam Ben Yedder, meilleur buteur à fin décembre avec treize unités, a fait de ce duo l’un des plus prolifiques de Ligue 1. A titre personnel, l’attaquant de  31 ans a  fini la première partie de saison avec six buts et huit passes décisives, en seulement douze matches. Une sacrée performance qui a permis à l’ex-joueur de Belcourt de terminer en tête du classement des meilleurs passeurs du championnat. Mais en janvier, patatras ! Un communiqué de l’AS Monaco annonce le limogeage du technicien Portugais et son remplacement par l’Espagnol Roberto Moreno. Une bien mauvaise nouvelle pour Slimani dont le statut de titulaire indiscutable a subitement viré à celui de remplaçant. En effet, le goléador algérien n’entre pas dans les plans du nouveau coach qui préfère évoluer en 4-3-3 avec deux joueurs offensifs sur les cotés. Un système de jeu pas très compatible avec le profil du natif d’Alger qui est plus à l’aise dans dans un 4-4-2 à deux pointes.Relégué sur le banc de touche, le champion d’Afrique se pose désormais des questions sur son avenir du coté du Rocher. Prêté par Leicester, le joueur aurait des envies d’ailleurs dans un club où il sera dans le onze de départ. 

Des amateurs au monde professionnel

L’histoire du Fennec est jalonné de hauts et de bas. Après avoir effectué ses gammes dans le club amateur de Cheraga (3ème division), le prolifique buteur  (19 buts en 20 matches) est recruté en 2009 par le CR Belouizdad. Le gabarit un peu lourd et certaines maladresses techniques suscitent d’emblée quelques interrogations sur les chances de réussite professionnelle de la nouvelle recrue. Mis à part un quadruplé face à la JSK lors d’un mémorable  7 à 1, ses deux premières saisons (8 et 10 buts) ne crèvent pas l’écran. Sur ses quatre années belcourtoises, l’Algérois aura finalement marqué à 43 reprises et disputé 124 matches. En bisbille avec son club, le joueur obtiendra de la fédération algérienne de football de quitter librement Belcourt, un an avant la fin de son contrat. Entre temps, il fait ses premiers pas avec la sélection algérienne en 2012. C’est Vahid Halilodzic qui lui donnera l’opportunité de revêtir la tunique verte. En 2013, c’est vers Nantes que l’avenir semble se dessiner mais un revirement de dernier minute le fait débarquer du coté de Lisbonne où il s’ engage avec le Sporting. Il ne le sait pas encore mais ce sera le mariage idéal.

Au top de sa carrière avec le Sporting de Lisbonne et l’Algérie

Le championnat du Portugal lui va comme un gant. Avec le club lisboète, Islam Slimani semble avoir trouvé l’environnement idéal pour faire son apprentissage européen et progresser dans les domaines athlétique, tactique et technique. Sous la houlette de Leonardo Jardin puis de Jorge Jesus, le joueur se transforme et prend du galon. Cette métamorphose  va également profiter à la sélection nationale durant le Mondial 2014. Elu à deux reprises hommes du match, face à la Corée du sud (4-2) et à la Russie (2-1), l’avant-centre confirme son envergure internationale en permettant à l’Algérie d’accéder à un historique huitième de finale de Coupe du monde. Au Portugal, les défenses adverses apprennent aussi à connaitre la nouvelle terreur des surfaces. Statistiquement, la progression est régulière mais certaine. La première année, c’est 8 buts, la seconde 12. Mais la période la plus faste,  c’est lors de l’exercice 2015/16.  Une réussite quasi insolente avec 27 réalisations qui reste à ce jour la meilleure période de sa carrière. L’Angleterre lui fait alors les yeux doux. Après trois années passées sur les bords du Tage, c’est vers la Premier League et le club de Leicester que l’attaquant est transféré pour un peu plus de 30 millions d’euros et un contrat de quatre ans. 

D’échec en échec avant la résurrection

L’Algérien est le joueur le plus cher du Champion d’Angleterre 2016. Contrairement à son expérience lisboète, la greffe ne prend pourtant pas dans le nord de l’Angleterre.Malgré des débuts tonitruants ponctués par une série de trois buts en quatre matches, `le bilan à la trêve est de six réalisations toutes compétitions confondues. L’Algérie l’appelle en janvier pour jouer la CAN 2017 au Gabon. De retour d’Afrique, le ballon ne tourne plus rond. Le Foxe (ndlr, surnom des joueurs de Leicester) ne parvient plus à transpercer les filets adverses et se retrouve sur le banc de touche.Claudio Ranieri qui avait imaginé le duo avec Riyad Mahrez est licencié et remplacé par Craig Shakespeare. Ce dernier ne compte pas vraiment sur le natif d’Alger. Etre ou ne pas être remplaçant, telle est désormais la question ? Malgré une blessure aux ischio-jambiers, un prêt de six mois à Newcastle,  en janvier 2018, se conclut entre les deux clubs. Out pour les six premiers matchs, l’International algérien ronge son frein. Il se verra  par ailleurs sanctionné par la fédération de plusieurs matches de suspension suite à un geste violent face à West Bromwich. Au final, le bilan est très médiocre avec quatre apparitions sous le maillot des Magpies et une passe décisive. Le retour à Leicester ne durera que le temps de la préparation estivale puisque le Fennec est de nouveau prêté pour une année. Direction la Super ligue turque et la formation de Fenerbahce. L’expérience tourne court. L’adaptation au football est turc est difficile. Les mauvais résultats du club stambouliote s’enchainent. Le Néerlandais Philipe Cocu est démis de ses fonctions à l’automne et remplacé provisoirement par son adjoint Erwin Koeman. En décembre, c’est Ersun Yanal qui s’engage pour un an et demi. Au final, le Canari aura vu se succéder trois entraineurs en l’espace de six mois. Avec dix neuf rencontres disputées au total et quatre buts inscrits, l’aventure en Turquie se termine en eau de boudin. Le troisième prêt d’Islam Slimani, à Monaco à l’été 2019, sera provisoirement le bon. Sur le banc face au Paris Saint Germain lors de la 20è journée, le goléador monégasque a montré ce jour là à son entraineur Roberto Moreno qu’il valait mieux qu’un statut de remplaçant. En effet, sur la pelouse du Parc des Princes, l’Algérois n’a pas tardé à être le buteur providentiel qui a offert un point à son équipe. Hasard du calendrier les deux mêmes protagonistes  se retrouvent trois jours plus tard pour un match en retard de la 15è journée. Le PSG l’ emportent sur le Rocher (1-4). Islam Slimani n’est pas dans le groupe mais à l’infirmerie. Alors qu’il reste encore deux semaines de mercato, cette blessure  – diplomatique ? – serait-elle les prémices d’un futur départ?

Karim Ait Yahia