Alors que l’Algérie s’apprête à célébrer dimanche le 66ème anniversaire du déclenchement de la guerre de libération nationale, le Conseiller auprès du président de la République, chargé des Archives et de la Mémoire nationale, Abdelmadjid Chikhi, a déclaré vendredi que le travail de mémoire entre l’Algérie et la France « n’a pas débuté du fait de la propagation du Covid-19 ».
Interrogé par l’APS, M. Chikhi a indiqué avoir été en contact « à deux reprises » avec l’historien Benjamin Stora – chargé par Emmanuel Macron d’être l’interlocuteur coté français – mais que « le travail n’a toujours pas débuté solennellement ».
« Un tel ralentissement est dû à la situation sanitaire marquée par l’expansion de la Covid-19, qui empêche toujours la tenue d’une rencontre directe avec M. Stora et la mise en place un plan d’action commun », a-t-il ajouté.
Malgré cette impossibilité conjoncturelle de se rencontrer, le M. Mémoire algérienne a affirmé avoir appris que son homologue français « avait finalisé son rapport ».
« Nous souhaitons que la partie française sache que nous n’avons nullement l’intention d’obscurcir la vérité à notre peuple, de même que nous l’invitons à faire pareillement envers ses citoyens afin qu’ils soient informés des faits qui ont eu lieu lors de la période coloniale », a-t-il insisté.
Concernant l’épineuse question des archives algériennes détenues par la France, M.Chikhi a estimé que la communauté française « porte toujours un complexe vis-à-vis de son passé colonial » alors que pour l’Algérie « l’ensemble des archives sont une priorité ».
Creusant cette problématique, l’historien a indiqué que ce contentieux reposait sur deux volets. L’un qui consiste à récupérer les originaux des archives car ils sont « un bien du territoire d’origine », l’autre à faciliter « le travail des chercheurs ».
Il a toutefois reconnu que la tâche s’annonçait plus ardue que prévu en raison du transfert des documents de Paris et Aix en Provence « vers des lieux inconnus, à travers l’ensemble de son territoire, et ce en violation de la règle universelle garantissant l’unité des archives ».
Chargeant l’ancienne puissance coloniale, le natif de Batna, a en outre considéré qu’elle avait fait de l’Algérie « un véritable champ d’essais pour mener des pratiques sauvages où les autochtones ont pâti de la traite des esclaves dans laquelle ont été impliquées de hautes personnalités françaises ».
« D’aucuns pensent que l’intérêt est porté, depuis l’indépendance, sur le combat du mouvement national lors de la guerre de libération, or la vérité est tout autre. Il n’y a aucune distinction entre les phases de notre histoire, elles sont toutes aussi importantes les unes que autres, dans le sens où il n’est possible de procéder à une écriture parcellaire de notre passé », a-t-il surenchéri.
La problématique des restes mortuaires des résistants algériens a également été abordée par le Conseiller du Président Tebboune qui a admis un certain flou sur ce dossier.
« Il est vrai que des estimations ont été faites par un groupe de chercheurs, cependant le nombre reste inexact. L’opération a été menée sur diverses périodes et a touché de nombreux Algériens. De surcroît, une bonne partie des restes mortuaires a été endommagée », a complété l’ancien moudjahid
Pour rappel, l’Algérie a récupéré en juillet dernier, les dépouilles de 24 résistants algériens qui étaient conservées, depuis 1850, au Musée d’histoire naturelle de Paris.
Mansouria Fodeili