Après une année marquée par la double crise sanitaire et économique, l’Algérie pourrait connaitre en 2021 une croissance économique de 3,4%, écrit la Banque africaine de développement (BAD) dans son rapport annuel sur les perspectives économiques de l’Afrique.
« La croissance pourrait revenir dès 2021 à partir du moment où les vaccins permettraient un contrôle mondial de la pandémie qui redynamiserait l’économie mondiale. Dans ce cas de figure, il se produirait un rebond important de la croissance réelle estimée à 3,4 % du PIB en 2021 », a indiqué la BAD vendredi dans son rapport sur les perspectives économiques de l’Afrique 2021.
Si l’optimisme semble être de mise – avec un redémarrage de la croissance mondiale -, la baisse des recettes d’exportation de pétrole et de gaz a cependant aggravé les finances de l’Etat. Ainsi le déficit budgétaire a bondi « de 5,6 % du PIB en 2019 à 13,6 % en 2020 », précise l’institution financière qui admet toutefois qu’il devrait repasser « à 8,7% en 2022 ».
En ce qui concerne celui de la balance courante, il a progressé de 10 % du PIB, en 2019, à 14,8 % en 2020 – 11,1% de prévu pour 2022 -, en raison, explique la banque africaine, « de la forte dépendance du pays aux exportations d’hydrocarbures et des importations structurellement élevées ».
La conséquence directe de ces déficits est une baisse graduelle des réserves de change qui ne garantit plus désormais au pays que « 12 mois d’importations à la fin de 2020 alors qu’il en couvrait 13,6 mois à la fin de 2019 », constate-t-elle.
« L’Algérie devrait approfondir les mesures pour élargir l’assiette fiscale, portée par la loi de finances de 2021, et mettre en place un programme visant à diversifier son économie en vue de limiter la dette publique interne », conseille la BAD.
Et d’ajouter : « Dans le cas contraire, la forte dépendance de l’économie algérienne aux hydrocarbures continuera d’entraver ses perspectives de développement sur le moyen terme ».
Abordant la question du financement de l’économie, l’étude anticipe une croissance de la dette interne – qui était légèrement supérieur à 46 % en 2019 – en raison du choix d’Alger « de ne pas emprunter » sur les marchés extérieurs.
« La dette publique de l’Algérie est essentiellement interne. Elle a considérablement augmenté depuis 2016 pour financer le déficit découlant de l’augmentation des dépenses et de la baisse des prix des hydrocarbures », résume l’organisme prêteur.
Alors que l’inflation algérienne était de 2,4% en 2020, contre 2% en 2019, le recours au financement du déficit budgétaire pourrait, sur la durée, « restreindre l’objectif de la politique monétaire de limiter les flambées inflationnistes », prévient l’établissement bancaire.
En guise de conclusion, la BAD rappelle que les mesures anti-Covid-19 ont eu « de sérieuses répercussions » sur les secteurs des services et de la construction avec « de nombreuses suppressions d’emplois » à la clé.
Mansouria Fodeili
Lire le rapport : https://bit.ly/3eFtSjf