Une semaine après la venue du Président Turc Recep Tayyip Erdogan, c’est au tour de son homologue tunisien, Kaïs Saïed d’avoir été l’invité, dimanche, du chef de l’Etat algérien Abdelmadjid Tebboune.Au menu des discussions entre les deux dirigeants, le renforcement de la coopération bilatérale et la situation géopolitique avec la crise libyenne et la question de la Palestine occupée.

A l’issue de son entrevu avec Abdelmadjid Tebboune, M Saïed a appelé à l’instauration de « nouveaux instruments  entre les deux pays frères».  Le Président de la république de Tunisie a par ailleurs ajouté qu’une volonté commune animait les deux partenaires : « Nous sommes un seul peuple ayant en partage la même histoire et le même avenir. Je ne doute aucunement que nous allons réaliser les aspirations et les attentes de nos jeunes. Il y a eu des expériences, certaines réussies et d’autres un peu moins. Il est donc nécessaire d’en déterminer les causes ». 

Des liens historiques forts entre l’Algérie et la Tunisie

Comme pour mieux souligner ces liens entre les deux nations, le Premier magistrat de Tunisie a rappelé la commémoration des événements de Sakiet Sidi Youssef  le 8 février prochain. Ce jour là de 1958, les bombardements par l’armée française du village tunisien ont causé plusieurs dizaines de morts et de blessés. « Dans quelques jours, nous commémorons l’anniversaire de Sakiet Sidi Youssef. Une occasion pour nous remémorer cet évènement où s’est mêlé le sang des Algériens et des Tunisiens pour la liberté et la dignité », a déclaré M Saïed, qui a reçu la médaille du mérite national de l’ordre « El Athir  »  pour le rôle joué par son pays durant la guerre de libération.

Sur le plan géopolitique, la convergence des points de vue entre les deux dirigeants a été totale. Le Président algérien a indiqué que ces échanges ont été l’occasion d’évoquer les derniers développements de la question palestinienne et de rejeter le «Deal du siècle» proposé par les Américains . Il a en outre souligné « l’attachement à un Etat palestinien indépendant, aux frontières de 1967, avec El Qods Echarif pour capitale».

Un renforcement de la coopération économique entre Alger et Tunis

L’aspect économique a également été au coeur des discussions entre les deux chefs d’Etat. Prévoyant d’effectuer ultérieurement une visite en Tunisie, M Tebboune a évoqué la nécessité de développer les «zones frontalières» . Il a par ailleurs précisé qu’une aide sonnante et trébuchante allait être débloquée pour son voisin : « L’Algérie est prête à apporter toute son aide à la Tunisie qui traverse une conjoncture difficile, tant au plan financier qu’économique» . Cela se traduira prochainement par le « dépôt de 150 millions USD à la Banque Centrale tunisienne et par la poursuite des facilitations de paiement de l’approvisionnement en gaz et hydrocarbures ».

Depuis décembre 2008, l’Algérie et la Tunisie sont liées par un accord commercial préférentiel. Ce deal, plus l’adhésion à la Grande zone arabe de libre échange, ont permis une augmentation conséquente des transactions entre Alger et Tunis. Ainsi, selon les statistiques des Douanes algériennes, les exportations vers la Tunisie  – en majorité les hydrocarbures et ses dérivés –  se sont élevées, sur les 11 premiers mois de 2019, à un peu plus d’un milliard de dollars (+ 13% par rapport à 2018). Sur la même période, les importations tunisiennes, composées principalement de produits agro-alimentaires, de textiles ou d’équipements industriels, ont approché les 400 millions de dollars (+3,7%).

Trois millions d’algériens visitent la Tunisie

Sur le sol algérien, ce sont quelques 763 sociétés tunisiennes qui opèrent au quotidien dans des domaines de  l’industrie, des services,  de l’ingénierie, des TIC ou de la distribution.Au niveau touristique, près de 3 millions d’Algériens, sur un total de 9,4 millions de touristes, ont franchi la frontière en 2019 ( +7%).

Nonobstant la progression des échanges économiques entre les deux parties, ces données ne demeurent pourtant qu’une goutte d’eau dans les économies respectives des deux nations. En effet, la Tunisie ne représente que 3% des exportations globales de l’Algérie tandis que cette dernière n’est concernée que par 1%  de ce qu’exporte son voisin. Chiffres que les Présidents algérien et tunisien ont cependant promis de faire sensiblement décoller dans le futur. 

Mansouria Fodeili