Par Dahmène Touchent*

L’Algérie et la France main dans la main pour lutter contre le Coronavirus ?

Il est des paradoxes que seuls les intérêts politique, géostratégique ou économique peuvent expliquer.

Le gouvernement français a pris – dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire – le décret n° 2020-1310 du 29 octobre 2020 afin de prescrire des mesures pour faire face à l’épidémie de Covid-19.

Ce décret, paru au Journal officiel du 30 octobre 2020, fixe de manière limitative les cas de sorties autorisées pour les personnes résidant en France. 

Ce texte organise le deuxième confinement qui a débuté ce vendredi 30 octobre dans toute la France, et dans certains départements et territoires d’Outre-mer. A tire d’exemple, il interdit tout déplacement- et tout regroupement – de personnes en dehors de leur lieu de résidence à l’exception des déplacements pour les motifs limitativement prévus. 

Alors que la France fait face à une situation d’urgence sanitaire, beaucoup s’interrogent sur l’autorisation donnée par le gouvernement français aux consulats algériens pour organiser des opérations de vote portant sur le projet référendaire de la nouvelle constitution algérienne.

Voulu par Abdelmadjid Tebboune, ce projet soumis à la consultation populaire porte entre autres sur l’officialisation du Tamazight, comme langue nationale et officielle, sur la possibilité d’envoyer les troupes armées à l’étranger ou encore sur les droits et les libertés qui peuvent être limités par la loi pour des raisons d’ordre public.

Sur les 24 millions d’algériens appelés à se prononcer dimanche 01 novembre 2020, la communauté algérienne de France – avec ses 685 731 ressortissants inscrits sur les listes électorales – a été convoquée pour le samedi 31 octobre et le dimanche 01 novembre pour s’acquitter de son vote.

Pour nombre d’observateurs, l’annonce d’Emmanuel Macron de reconfiner les Français à partir du 30 octobre 2020 allait certainement compromettre ce scrutin référendaire. Les Algériens de France ont finalement été surpris de voir ce samedi 31 octobre plusieurs policiers en poste devant les différents consulats algériens de France. 

Malgré cette possibilité d’accomplir son droit de vote, force est de constater que la participation au scrutin n’est pas au rendez-vous. Les rares votants étant les habituels chibanis. 

Cette situation exceptionnelle en faveur des Algériens pourrait toutefois susciter la polémique au sein de l’opinion publique française astreinte à respecter scrupuleusement les mesures de confinement sous peine d’amendes de 135 euros.

On se souvient ainsi que le ministère de l’Intérieur avait attendu la fin du confinement – en mai – pour organiser le 2ème tour des élections municipales, interrompues à cause de l’épidémie du coronavirus !

Comment dès lors comprendre l’attitude des pouvoirs publics qui violent le droit français pour un Etat étranger alors que leur pays est en urgence sanitaire absolue ?

La France a-t-elle un intérêt dans l’adoption de cette nouvelle constitution que les « maîtres d’Alger » veulent absolument faire passer ?

La France suit-elle la doctrine Machiavel qui disait  : « En politique le choix est rarement entre le bien et le mal, mais entre le pire et le moindre mal ».

* Dahmène Touchent est juriste et fondateur du site Lexalgeria