L’année footballistique 2020 s’achève dans un drôle de climat marqué par l’épidémie de Covid-19 – avec ses implications sur la santé des joueurs – et par l’absence de supporters dans les stades. A ces aléas, s’ajoute la situation de bon nombre d’internationaux algériens qui n’ont pas le temps de jeu espéré dans leurs clubs respectifs. Cette situation qui pourrait s’installer, pour certains d’entre eux, dans la durée est un véritable casse-tête pour le sélectionneur national, Djamel Belmadi, qui a pour credo de ne convoquer que des joueurs compétitifs. A quelques encablures de cette fin d’année, nous vous proposons un petit tour d’horizon des cas les plus préoccupants.

Djamel Benlamri

Sa signature à l’Olympique Lyonnais (OL) dans les dernières heures du mercato estival (le 5 octobre) avait suscité beaucoup d’espoir chez les supporters algériens. L’opportunité de rejoindre un grand club français et de tenter une première expérience européenne relevait presque du miracle pour Djamel Belmadi qui a fêté ses 31 ans le 25 décembre dernier. Même si le natif d’Alger n’était probablement pas le choix de son entraineur, Rudy Garcia avait loué en conférence de presse ses qualités de « guerrier » envoyant à cette occasion un signal positif et un encouragement à un joueur qui n’avait plus rejoué en compétition depuis mars.

Trois mois après son arrivée en Rhône-Alpe, force est pourtant de constater que le bilan du Champion d’Afrique est plutôt famélique depuis sa première apparition sur le banc de Lyon le 18 octobre dernier. Au total, ce sont deux courtes incorporations en championnat – le 1 novembre contre Lille (38’) et le 19 décembre face à Nice (9’)- soit en cumulé 47 minutes de jeu effectifs.

Si l’entraineur de l’actuel leader du championnat a tenté de rassurer le Fennec, avant la trêve, en déclarant que c’était « un joueur précieux» et que l’équipe « aura besoin de lui », la réalité est plus sombre pour Benlamri. En effet, l’Algérien arrive en quatrième position dans la hiérarchie des défenseurs centraux non seulement derrière le duo indéboulonnable Marcelo-Denayer mais également après Diomandé.

Ainsi, le jeune ivoirien de 19 ans, qui a les faveurs du technicien Franco-Espagnol dans la rotation, a déjà participé à 13 matchs de Ligue 1 dont 4 en tant que titulaire, soit 415 minutes passées sur le rectangle vert.

Alors que l’OL ne sera concerné en 2021 que par le championnat et la Coupe de France, il est aisé d’imaginer qu’en l’absence de blessure ou de suspension de certains de ses coéquipiers, l’avenir de l’ancien nahdiste ne se présentera pas forcément sous les meilleurs auspices. 

Aissa Mandi

Les difficultés liées au renouvellement du contrat d’Aissa Mandi avec son club du Betis Séville n’ont pas joué, dans cette première partie de saison, en faveur du défenseur central. En effet, jamais depuis son arrivée en Andalousie, à l’été 2016, le Rémois n’avait aussi peu joué. Si ses expulsions fin septembre et début octobre et la mise en quarantaine suite à un test positif à la Covid-19 (réel?) fin novembre l’ont écarté des terrains pendant six semaines, le joueur de 29 ans n’aura été titularisé par Manuel Pellegrini que 9 fois en 16 rencontres de Liga.

Faute d’accord pour un prolongement contractuel cet hiver, la position du joueur pourrait être fragilisée pour le reste de la saison étant donné qu’il sera libre de signer dans le club de son choix dès le mois de janvier – son contrat se terminant fin juin 2021 – sans que la direction du Betis n’empoche le moindre euro dans la transaction.

La chute des recettes consécutive au huis-clos imposé par la crise sanitaire et l’absence d’indemnité de transfert pourraient ainsi amener les dirigeants sévillans à ne pas faire de cadeau à l’International algérien. On peut dès lors s’attendre à ce que celui qui est considéré comme l’un des cadres du vestiaire Bético soit marginalisé, avec pour conséquence une baisse de compétitivité qui serait non seulement dommageable pour le joueur mais pour la sélection nationale.

Youcef Atal

S’il y a bien un lieu que Youcef Atal connait sur le bout des doigts, c’est bien celui de l’infirmerie. Blessé par deux fois cette saison, et à maintes reprises depuis ses débuts en Europe en 2018, le latéral droit de Nice n’a pu disputer que 6 rencontres (248 minutes) sur les 17 programmées par la Ligue de football professionnel, soit environ un tiers des matchs.

Cette fragilité physique est sans conteste un frein à la progression du natif de Boghni qui a du mal à gérer ses efforts sur le terrain – en raison d’une trop grande générosité – ou qui semble trop pressé (lui ou ses dirigeants) de reprendre la compétition alors qu’il n’apparait pas toujours rétabli à 100%.

Ces blessures à répétition ont d’ailleurs provoqué l’ire de Djamel Belmadi qui avait reproché au joueur, en novembre dernier, de ne pas être assez professionnel. « Il sait qu’il doit avoir tous les atouts de son côté pour pouvoir éviter de se blesser. Il y a des choses à faire et des dispositions à prendre quand on est professionnel. C’est un joueur important pour l’équipe nationale mais il faut très rapidement qu’il puisse enchainer des matchs et reprendre le rythme qu’il avait avant sa grosse blessure », avait tempêté le sélectionneur national.

Alors que chez les Verts, l’éclosion au poste d’arrière droit de Réda Halaimia offre désormais à Belmadi une solution concurrentielle au Niçois, il serait enfin souhaitable pour l’ancien joueur du Paradou AC de tirer une bonne fois pour toutes les leçons de ces absences répétées. 

Islam Slimani

La belle saison d’Islam Slimani avec l’AS Monaco l’an passé- 9 buts et 7 passes décisives en 18 matchs – laissait présager une période des transferts florissante pour le joueur prêté sur le Rocher par Leicester. Il n’en fut malheureusement rien pour l’International algérien qui fort d’un salaire conséquent (plus de 300 000 euros net mensuels) a dû refroidir pas mal de prétendants qui étaient susceptibles d’être intéressés par son profil.

Malgré donc l’intérêt de clubs comme West Bromwich, le Torino ou du Stade Rennais, l’ex-Belouizdadi est retourné s’entrainer avec les Foxes. Une situation à laquelle a aussi dû se résoudre son entraineur Brendan Rodgers qui affirmait déjà en conférence de presse précédant la fin de la période des transferts (le 16 octobre pour les clubs anglais ) qu’il ne comptait pas sur le joueur. « Slimani doit trouver des clubs preneurs car on a parlé de son avenir. Il appartient toujours au club mais son futur est probablement ailleurs », a déclaré l’Irlandais. Quelques semaines plut tard, la phrase du coach des Champions d’Angleterre 2016 s’est traduite dans les faits par une mise à l’écart du joueur.

Si le natif de Cheraga a un peu entretenu sa forme en participant à des rencontres avec l’équipe réserve, son bilan en Premier League se résume à 19 minutes contre Aston Vila (défaite 0-1).

Malgré cette demi-saison blanche, l’ouverture du mercato hivernal début janvier devrait tout de même apporter un peu de baume au coeur au joueur de 31 ans. Le départ cette fois-ci est d’autant plus inéluctable que le Fennec sera libre de s’engager, dans quelques jours, dans le club de son choix sans que celui ci n’ait d’indemnités de transfert à régler. 

Said Benrahma

Said Benrahma a réalisé son rêve d’évoluer dans un club de Premier League après deux belles saisons passées en Championship du coté de Brentford. L’attaquant, un temps convoité par Chelsea, Aston Vila et Leeds, a jeté son dévolu sur le club de West Ham United au dernier jour de la période de transfert entre équipes anglaises, le 16 octobre dernier. 

« Je suis heureux d’accueillir Said à West Ham United. Il a suscité beaucoup d’intérêt.C’est un talent extraordinaire qui a de grandes capacités et des qualités qui seront complémentaires des autres attaquants que nous avons », s’était enthousiasmé son nouvel entraineur, David Moyes.

Si dans le discours le manager anglais a été laudateur vis à vis de Benrahma, dans les actes il tarde à lui accorder sa confiance. Ainsi, le Hammer ne totalise pour le moment que huit apparitions sous le maillot des Irons (303 minutes de temps effectif) quanf Grady Diangana (22 ans) cumule 14 matchs et 1089 minutes.

On peut raisonnablement espérer une meilleure deuxième partie de saison pour l’International algérien qui a sa décharge est arrivé tardivement dans son nouveau club et a dû s’adapter au rythme plus élevé qu’exige la Premier League. Pour cela, le milieu offensif de 25 ans devra de son coté hausser son niveau de jeu et se montrer efficace quand l’occasion lui sera donnée de prouver son talent.

El Arbi Soudani

El Arbi Hilal Soudani est réapparu récemment sur le terrain avec son équipe de l’Olympiacos Le Pirée après sa longue blessure au genou, rupture des ligaments croisés, qui l’a tenu à l’écart du rectangle vert pendant de longs mois. Ce n’est donc que le 17 octobre dernier lors du match à domicile face à Atromitos (4-0) que le natif de Chlef s’est vu offrir 14 minutes de jeu pour son retour. Ensuite, il a fallu attendre plus de deux mois – le 20 décembre – avant que le joueur de 33 ans ne connaisse sa première titularisation de la saison contre Larissa (5-1).

Ce jour là, après avoir ouvert le score pour les Rouge et Blanc – son second but en une semaine – il fut remplacé à l’heure de jeu (58’).

Au total, l’ex-goléador du Dinamo Zagreb a donc participé à 8 matchs – championnat et ligue des Champions confondus -, soit un total de 158 minutes.

Relégué dans la hiérarchie des attaquants derrière Youssel El Arabi, Mathieu Valbuena, Lazar Randjelovic ou Fiorin Durmishaj, le Fennec peut espérer renverser la vapeur car son club – qualifié en Europa Ligue – peut toujours compter sur son expérience et sur son envie de conclure en beauté, à quelques mois de la fin de son contrat, une saison très compliquée.

Karim Ait Yahia