L’Algérie a perdu ce dimanche, avec le décès d’Ali Yahia Abdenour, son plus célèbre avocat.

Le militant des droits de l’Homme est décédé à son domicile, à l’âge de 100 ans, des suites d’une longue maladie.

« L’éternel président de la Ligue nous quitte pour toujours. Il était un personnage primordial des questions de droits de l’homme en Algérie, au Maghreb et dans le monde arabe », a écrit dans un communiqué la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (indépendante).

Dans un message publié sur les réseaux sociaux, l’Ambassadeur de France en Algérie François Gouyette a aussi fait part de sa « tristesse » en saluant la mémoire d’un militant qu’il a qualifié de « grande figure de la défense des droits de l’homme ».

Né le 18 janvier 1921 à Ait Yahia (Tizi Ouzou), Maitre Abdenour a été au lendemain de l’indépendance député (1962-65) avant de se voir confié par Houari Boumédiène les portefeuilles de ministre des Travaux publics et des Transport, puis de l’Agriculture et de la Réforme agraire.

Ses premiers engagements politiques remontent à l’année 1945 quand il adhère au Parti du peuple algérien-Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques. Dix ans plus tard, il rejoindra le Front de libération nationale (FLN). Il sera arrêté par la puissance coloniale, en 1956, avant d’être assigné à résidence durant trois années (1957 et 1960). 

Après sa libération, il deviendra en 1961 secrétaire général de l’Union Général des Travailleurs Algériens (UGTA).

C’est en 1983 qu’il fonde la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH), structure qui ne sera officiellement reconnue par les pouvoirs publics qu’en 1989.

Il dénoncera l’interruption du processus électoral – qu’il assimilera à un coup d’Etat – après la victoire du Front Islamique du Salut (FIS) aux élections législatives de janvier 1992.

« J’ai défendu les prisonniers de toutes les couleurs politiques de l’arc-en-ciel. Il n’y a pas de différences entre toutes les victimes de la répression, affectées du même coefficient d’humanité, car les droits de l’homme sont au-dessus de tous les clivages politiques ou idéologiques », aimait à déclarer ce militant invétéré des droits de l’homme. 

Ali Yahia Abdenour est l’auteur de plusieurs ouvrages dont Algérie: Raisons et dérision d’une guerre, La crise berbère de 1949 : portrait de deux militants, Ouali Bennaï et Amar Ould-hamouda, Lettre ouverte au système politique et au dernier pouvoir qu’il a engendré, ou Mon testament pour les libertés.

Amal Hoummati