Le Président de la république, Abdelmadjid Tebboune s’est exprimé vendredi dans les colonnes du journal français Le Figaro.Dans cet entretien, le chef de l’Etat algérien indique vouloir, notamment, l’ouverture « d’une nouvelle ère » avec la France. Morceaux choisis :

Les visas

« La circulation des personnes a été réglée par les accords d’ Evian, en 1962, et l’accord de 1968. Il y a une spécificité algérienne, même par rapport aux autres pays maghrébins. Elle a été négociée. Il convient de la respecter ».

Le gaz

« … si la France nous demandait d’augmenter nos exportations de gaz, nous le ferions. Elle ne l’a pas encore fait. L’Italie l’a demandé. Nous avons engagé la construction d’un deuxième gazoduc entre nos cotes et la Sicile, afin de passer le volume de nos livraisons de 25 à 35 milliards de mètres cubes et de faire de l’Italie un hub vers le reste de l’Europe, notamment centrale ».

Les relations franco-Algériennes

« La France doit se libérer de son complexe de colonisateur et l’Algérie, de son complexe de colonisé. La France est une puissance mondiale et indépendante. L’Algérie est une puissance africaine qui ne ressemble plus du tout à ce qu’elle était en 1962. Nous sommes victimes de préjugés tenaces qui relèvent plus de l’ignorance que de la malveillance.Il est urgent d’ouvrir une nouvelle ère des relations franco-algériennes ».

Les questions mémorielles

« Une partie de colonisation doit être dépolitisée et remise à l’histoire. Il faut pendre en compte 132 ans d’occupation, car tout ne commence pas avec la guerre d’indépendance. Il y a des faits avérés, archivés, documentés qu’on ne peut pas cacher, des écrits les attestent. Oui, aux XIXè siècle, il y a eu des massacres, des spoliations foncières ».

Langue française

« Le français n’a pas à être imposé aux Algériens, c’est aux familles de choisir…en 2022, l’Algérie compte 27 millions de locuteurs qui maitrisent le  français sur 45 millions d’habitants. L’anglais a la cote, car c’est une langue universelle ».

Emmanuel Macron

« Je vois en lui l’incarnation d’une nouvelle génération qui peut sauver les relations entre nos deux pays.C’est la première fois, me semble-t-il, qu’il y a une telle relation de confiance entre nos deux pays ». 

Le Hirak

« Les Algériens ont fait preuve à cette occasion d’une grande maturité. Ils réclamaient pacifiquement du changement et ne voulait pas que l’entourage du président Bouteflika – paix à son âme – leur impose quoi que ce soit…d’une certaine façon, mon élection a marqué, en décembre 2019, le début du changement que j’avais moi même demandé deux ans plus tôt ». 

Le Sahel

« Le règlement de la situation sur place passe évidemment par l’Algérie. Dans cette crise, l’Algérie a un raisonnement de voisin, elle ne fait pas de la géopolitique comme d’autres. Il est regrettable que la France, à un certain moment, n’ait pas voulu que l’Algérie exerce son ascendant. Là bas, la solution est à 80% économique et à 20% sécuritaire ». 

La rupture des relations diplomatiques avec le Maroc

« C’est une accumulation de problèmes depuis 1963 et l’agression des forces spéciales marocaines pour prendre une partie de notre territoire dans l’extrême sud qui expliquent cette rupture. Nous avons rompu pour ne pas faire la guerre, et aucun pays ne peut se poser en médiateur entre nous…c’est le régime marocain qui cause des problèmes, pas le peuple marocain. 80 000 de ses ressortissants vivent d’ailleurs chez nous en très bonne intelligence ».

Mansouria Fodeili