Pour bon nombre d’hôteliers et de voyagistes rencontrés dans le sud ces derniers jours, tout porte à croire que la saison touristique sera réussie. Les préparatifs vont bon train. Tout le monde s’affaire pour mettre de son côté les atouts pour que cette année, aux dires des analystes et experts du secteur, soit le grand cru espéré.
Une belle année en perspective pour le tourisme saharien
Certains voyagistes, situés dans les grands bassins de clientèles – Algérois, Oranie et Constantinois – avaient déjà pris les devants dès le mois de juillet pour poser des options sur des allotements de trois mois voire plus. Pour répondre à cette demande, l’ONAT (l’Office National Algérien du Tourisme), a quant à lui fait beaucoup d’efforts pour diversifier son offre dans le sud (Hoggar, Tassili Gourara et Saoura) et dans le Mzab. De leur coté, la compagnie aérienne nationale et les syndicats du tourisme – SNAV Algérie et FNAT – ont signé des conventions triangulaires avec les hôteliers publics et privés pour que les prestations (séjours, circuits, randonnées, expéditions en 4×4 et méharées) soient à la portée des classes moyennes.
Pour satisfaire les différents publics, certains tours opérator ont commencé à mettre sur le marché des circuits et des séjours à des tarifs de base compris entre 40.000 et 55.000 dinars. D’autres ont préféré privilégier le transport routier en programmant des départs en car depuis Alger avec nuitées et visites à Ghardaia en continuation sur Timimoun ou sur la Saoura.
Malgré toutes ces dispositions, la destination sud reste assez onéreuse pour le consommateur lambda. Même si le transporteur aérien national a diminué ses prix, le billet d’avion sur Tamanrasset ou Djanet coute plus de 30 000 da. Pourun circuit de 6jours/05 nuitées, le simple citoyen doit donc débourser la bagatelle de 65.000 à 75.000 da, soit plus d’une fois et demie le salaire mensuel moyen algérien (41000 da).
Le Hoggar et le Tadrat plébiscités
Cette année, c’est le Hoggar et surtout le Tadrart, à l’extrême sud, quiarrivent en têtechez les influenceurs recrutés par l’office national du tourisme en charge de la promotion de la destination Algérie. Ces leaders d’opinion y sont pour beaucoup dans le choix de ces destinations. Grâce aussi aux agences qui ont investi dans le tourisme domestique, le Sahara s’affirme donc de plus en plus sur le marché local.
Mais la clientèle va bien au delà des frontières. En effet, la communauté algérienne établie à l’étranger continue de venir crapahuter dans les Tassilis, dans le Hoggar ou bien dans les dunes du grand erg occidental entre Taghit l’enchanteresse et Timimoun la mystique. D’autres au sein de cette diaspora privilégient le tourisme sportif comme le marathon organisé chaque hiver par la société Pro Organisation. Cette année, le rendez vous est donné à Igli, une charmante oasis de la Saoura pas loin des deux coins les plus attractifs de Bechar, Taghit et Beni Abbes. Le sud est aussi propice aux rallyes et aux raids. Le Sahara central est ainsi devenu l’objet de grands rendez vous annuels.
Acteurs incontournables de l’éco-système touristique, les communes d’accueil et les acteurs locaux ont bien compris l’enjeu qu’ils pouvaient en retirer en termes pécuniaire et d’image. Ils s’impliquent davantage dans la confection de programmes d’animations, de chants, de folklores, d’ expositions ou de ventes de produits du terroir et de l’artisanat. En matière culinaire, tous les hébergeurs rencontrés sont unanimes pour rester dans des offres traditionnelles tels que le couscous, le merdoum, le méchoui à l’étouffé dans le sable, très tendance en ce moment, et la fameuse Chekhchoukha des Zibans.
Les handicaps de la destination Algérie
Malgré ses nombreux atouts, l’Algérie souffre inlassablement d’une mauvaise visibilité à l’internationale. Il faut dire que le peu d’engagement des pouvoirs publics en matière de promotion – aller vers des marchés porteurs, déclencher un véritable intérêt auprès des professionnels et du grand public – et de reconstruction de la destination sud favorisent cette situation.
A cela s’ajoute le problème de la délivrance des visas. La clientèle étrangère, et notamment européenne,reste encore très timide en raison de cette difficulté à se procurer ce précieux sésame qui pénalise aussi les voyagistes et le pays.
Nonobstant les efforts déployés par les autorités locales pour que la sécurité des touristes soit maximale, certains acteurs étrangers et le Quai d’Orsay continuent par ailleurs de classer en « warning travel » (« zone rouge ») le sud algérien. Cela a pour conséquences directes de compliquer la tâche des agents de voyage qui ont dû mal à trouver des assureurs.
Beaucoup reste donc à faire pour renverser la vapeur et rassurer les opérateurs internationaux pour qu’ils reviennentfaire du tourisme dans notre pays.
En Attendant une véritable décantation, les acteurs locaux semblent avoir pris leur mal en patience. Ils se contentent de répondre à la demande domestique et à celle de la diaspora qui semble ne pas subir trop de pressions.
Mohamed Bourad