En matière de numérique, il n’est pas incongru de dire que l’Algérie accuse un retard patent sur ses voisins les plus proches, et à l’échelle continentale sur des pays comme le Sénégal, l’Afrique du Sud ou même le Rwanda. Conscient de cette anomalie, le gouvernement d’Abdelmadjid Tebboune a donc décidé de mettre les bouchées doubles en traitant cette question ô combien fondamentale dans la perspective de l’après pétrole.
Une nouvelle règlementation pour le numérique
Pour ce faire, le dernier Conseil des ministres, présidé par le chef de l’Etat a été l’occasion pour le ministre de la Micro entreprise, des Start-up et de l’économie de la connaissance, Yassine Djeridène, de présenter une communication visant à poser les bases d’une véritable économie du numérique. Concrètement, les services du ministère travaillent « à l’élaboration d’un cadre juridique, règlementaire et fonctionnel à destination des Start-up algériennes et des incubateurs» , a déclaré M Djeridène. Il a en outre précisé qu’une évaluation des acteurs concernés et une feuille de route pour leur financement, via la Bourse et le capital investissement, verraient également le jour pour « permettre aux jeunes de contribuer efficacement à l’affranchissement de l’économie nationale de la dépendance aux hydrocarbures ».
Un écosystème qui se met en place
Ce projet global de transformation du digital prévoit aussi une meilleure structuration de l’écosystème. Ainsi, un Conseil national de l’innovation, placé auprès du Président de la république, devrait être instauré. La diaspora, forte d’environ 6 millions d’âmes dont plusieurs dizaines de milliers de cadres hautement qualifiés, ne devrait pas être oubliée cette fois-ci. En effet, il est prévu que ces compétences indispensables au pays soient pleinement associées à cette démarche via l’installation « de deux centres spécialisés universitaires dans les domaines de l’intelligence artificielle et de l’Internet des objets».
Autre nouveauté qui devrait se concrétiser sur le terrain est la création d’une « Cité des startups ». L’objectif de ce centre de technologies multi-services sera de renforcer la place de l’Algérie en tant que pôle d’attractivité , dans le domaine de l’innovation, pour le continent. En outre, un salon dédié aux startups et aux PME ainsi qu’un fonds spécial pour créateurs d’entreprise viendront compléter le dispositif imaginé par le gouvernement.
Un système fiscal incitatif
Lors du Conseil des ministres du 5 janvier dernier, Abdelmadjid Tebboiune avait insisté sur « l’impératif d’une réforme profonde du système fiscal pour les entreprises génératrices d’emplois ».La loi de finances 2020 prévoit donc des exonérations fiscales concernant les taxes sur les bénéfices et sur la valeur ajoutée (TVA) et douanières pendant la phase d’exploitation ainsi que des facilitations d’accès au foncier dans le cadre de l’extension des projets d’investissement.
C’est grâce à de telles mesures que l’Algérie pourra enfin pleinement s’inscrire dans la société de demain et moins dépendre des ressources en hydrocarbures. Un vrai défi à relever pour M Déridjène dont le ministère sera la «locomotive de la nouvelle économie », dixit le Président de la république.
Mansouria Fodeili