© crédit photo/ PACTE
Oumelkheir Fellague est licenciée en langue française. Elle est par ailleurs responsable des activités culturelles au musée communal de Laghouat et membre fondatrice de PACTE, une association qui oeuvre pour la promotion du patrimoine, des arts, de la culture, du tourisme et de l’environnement. Nous vous proposons de découvrir, à travers sa responsable de la communication, cette structure associative qui se bat pour que vive la Culture dans la Wilaya de Laghouat. Dans cette première partie d’entretien, Madame Oumelkheir Fellague nous présente l’association PACTE et les diverses actions qu’elle mène sur le terrain.
Pouvez vous nous présenter l’association PACTE ?
Oumelkheir Fellague : L’association PACTE est une association a but non lucratif créée par des passionnés de la ville de Laghouat activant dans la promotion du patrimoine, des arts, de la culture, du tourisme et de l’environnement. Légalement nous existons depuis 2018 mais nos premières actions remontent à six années en partenariat avec le musée communal de Laghouat. Avec Lina Chaoui, Kaddour Bouzidi et Hadj Kaddour Mohamed nous sommes une équipe polyvalente.
Quelles sont les actions que vous menez sur le terrain?
Nos activités tournent autours des 5 pôles que sont : le Patrimoine, les Arts, la Culture, le Tourisme et l’Environnement.
- Notre club TERRA CULTURE organise des conférences-débats autour des questions du patrimoine, des droits et devoirs du citoyen liés à cette thématique. Elle met en place des chantiers de restauration et de réhabilitation ainsi que des campagnes de sensibilisation avec sorties sur le terrain et ateliers pour les enfants et les étudiants.
- Au niveau des Arts, nous montons des expositions en tous genres. C’est l’occasion pour les artistes et les artisans de venir parler de leur art et d’échanger avec le public. Cela leur donne de la visibilité et crée du lien.
- Dans le domaine de la Culture, nous essayons de sensibiliser la population aux différentes formes d’art que sont les échanges littéraires, les cercles de réflexion, les ateliers d’écriture, les rencontres poétiques. Notre événement phare est «La Poésie au féminin » qui a lieu chaque année.
- Les actions liées au tourisme et à l’environnement se font en collaboration avec le musée communal de Laghouat. Nous organisons des circuits touristiques dans le vieux ksar, mais aussi à l’extérieur de la ville, dans les communes et ksour environnants. Qu’elles soient touristiques, pédagogiques ou écologiques nos sorties ont toutes un point commun qui est la découverte, la détente et l’exploration. Nous participons également, avec nos membres et adhérents, aux campagnes de sensibilisation à l’environnement. Nous collaborons avec certains clubs à l’instar de SYMBIOSIS – très actif dans ce domaine – à des ateliers de recyclage et à des campagnes de nettoyage
© crédit photo/ PACTE
Pouvez vous nous en dire plus sur votre événement la « Poésie au féminin »?
C’ est un événement annuel, généralement au mois de mars, qui ouvre ses portes à toutes les femmes, mais aussi aux hommes, pour venir enchanter par leurs écrits et par leurs nombreux autres talents un public féru des belles paroles. Pendant 3 jours, les poètes se relaient sur la scène pour déclamer leur poésie dans la langue de leur choix (arabe classique/dialectal, français, anglais et même en espagnol). Qu’ils soient jeunes ou moins jeunes, auteurs de renom ou poètes à leurs heures perdues, photographes, artistes peintres, chanteurs/se… la Poésie au Féminin est l’occasion pour tous de se faire connaitre, de partager, d’échanger. C’est surtout une manière d’encourager l’expression artistique et poétique sous toutes ses formes. En marge de l’activité principale qu’est la poésie, on peut aussi profiter d’une pièce de théâtre, d’un concert, de conteurs, d’expositions artistiques, d’ateliers et bien d’autres activités artistiques. Malheureusement, les deux dernières éditions ont dû être annulées en raison cette année de l’épidémie de Covid-19 et l’an passé du Hirak et des élections présidentielles.
Comment vous faites vous connaitre auprès du grand public?
Nous avons nos fidèles qui ont toujours été présents.Ils suivent de très prés tout ce que nous faisons. Laghouat est une petite ville. Le bouche à oreille fonctionne bien. Mais notre « boom » médiatique -si j’ose dire- a lieu durant les rencontres annuelles autour de la « Poésie au féminin ». Sur les réseaux sociaux nous gérons la page Facebook de l’événement lié à la poésie et plus récemment celle de l’association PACTE. Nous sommes à chaque fois surpris d’être contactés par beaucoup d’étrangers de par le monde.
Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontés pour mettre en place vos idées?
Le plus souvent nos difficultés sont d’ordre financier. Nous devons aussi parfois nous battre contre les préjugés. Il nous arrive souvent de nous autocensurer par rapport à un livre à présenter qui ne correspondrait pas à telle ou telle orientation, ou à un auteur qui ne conviendrait pas d’inviter pour ménager certaines sensibilités. Pour le reste nous n’abandonnons presque jamais nos projets quitte à s’autofinancer grâce à la solidarité de quelques adhérents et autres amis de la culture et de l’association. Notre devise est : « faire ce qu’on peu avec ce qu’on a ». L’important étant d’agir et de ne jamais se décourager.
Êtes-vous aidé par les autorités locales ou nationales?
Hormis l’administration du musée, nous ne recevons aucune aide.Nous nous sommes toujours débrouillés seuls. Sur nos événements, nous sacrifions beaucoup d’aspects comme l’esthétique (scène, lumières, décors …) et le coté pratique (chaise, micro, sono …). Nous aurions aimé être accompagnés dans nos initiatives, du moins, par les autorités locales. Pour ce qui est des instances nationales nous n’avons encore rien demandé même si nous manquons terriblement de soutien pour les rencontres de la « Poésie au féminin ». Ces dernières demandent un budget assez conséquent pour pouvoir nourrir et loger pendant 3 jours nos invités et conduire dans les règles de l’art toute l’organisation qu’il y a autour. Ce sont des choses que les autorités locales ne semblent pas en mesure de satisfaire !
En ce qui concerne les chantiers participatifs organisés par notre club Terra Culture, nous essuyons à chaque fois, quand ce n’est pas un refus clair et net, de sempiternels : « revenez-demain », « nous attendons toujours une réponse », « le responsable est en voyage », et le meilleur pour la fin un cinglant : «wa9ila ma fihach !!! » (« encore merci et à bientôt »). Il ne nous reste que nos yeux pour pleurer le patrimoine qui s’effrite à vue d’œil car à Laghouat, plus que jamais, il est en réel danger de disparition.
Entretien réalisé par Nasser Mabrouk