Le ministère algérien de la Communication part en guerre contre les auteurs anonymes d’articles de presse ou usant de pseudonyme. Dans un communiqué publié mercredi, les services du ministre Ammar Belhimer ont dénoncé « l’usage abusif » de telles pratiques qu’ils qualifient « d’anti-professionnelle » et de « contraire » à la déontologie journalistique.

« La recrudescence de l’usage abusif et inconsidéré des pseudonymes ou fausses signatures d’articles de presse nous pousse, en tant qu’acteurs et professionnels du secteur de la Communication, à nous en départir, car il s’agit là d’une pratique anti-professionnelle, contraire à l’éthique et à la déontologie de l’exercice du journalisme », indique le communiqué du ministère. 

Jugeant utile de préciser que le journalisme est d’abord « un engagement », le service communication rappelle que son rôle est « d’informer et de faire éclater la vérité en toutes circonstances », et que le métier de journaliste « exige du courage, de l’audace, mais aussi un sens élevé de la responsabilité, dans le prolongement d’un long parcours historique de la profession, un parcours semé de sacrifices et de militantisme au service de la patrie ».

« S’il était possible d’admettre la généralisation, puis la banalisation de l’usage des pseudonymes comme moyen de survie en période de chasse aux journalistes, comme ce fut le cas pendant la décennie noire, ce ne doit pas être le cas dans le contexte actuel de libre exercice de la profession, où la pratique est attribuée à des plumitifs de l’ombre et assimilée à une clandestinité identitaire », ajoute-t-il. 

Comparant l’usage de pseudonyme à celui des lettres anonymes, en les qualifiant tous les deux de « nuisibles », le ministère estime qu’ils « sèment le doute et rongent la confiance entre gouvernants et gouvernés, gestionnaires et subordonnés…entre le peuple et son Etat, le peuple et son armée ».

La tutelle considère en outre que les auteurs anonymes font preuve d’ un « manque de courage pour affronter et assumer leurs écrits » et que cette opacité emprunte « une démarche malhonnête, celle de tromper leurs lecteurs ».

De telles pratiques, préviennent les services du ministre, ne dédouanent pas les journalistes de leurs « responsabilités à l’égard de leur production, ni celles des médias face à ce qu’ils publient ou diffusent ».

Autrement dit, celui qui signe un article ou le journal qui le publie sont potentiellement passibles des tribunaux. Le communiqué est à cet égard explicite : « Il est impératif de savoir que les écrits constitutifs de délits ne peuvent être absouts par l’usage de pseudonyme et d’initiales, et l’identité de leurs auteurs ne peut être soustraite à la connaissance du juge en cas de poursuites ».

« A très court terme, il appartiendra à l’Autorité de régulation de la presse écrite, instituée par l’article 40 de la loi organique n 12-05 du 12 janvier 2012 relative à l’information, d’assurer la veille requise par la prolifération de ce genre d’écrits, afin d’en limiter l’usage en vue de la généralisation des règles éthiques et déontologique pour un exercice sain et apaisé de la liberté de la presse », détaille-t-on au ministère.

Rappelons qu’Ammar Belhimer avait déclaré le 13 août dernier que Khaled Drareni, condamné le 9 aout dernier à 3 ans de prison ferme pour avoir couvert le 7 mars 2020 – à visage découvert – une manifestation du Hirak, n’avait « jamais été détenteur de la carte de presse prévue par l’article 76 de la loi organique 12-05 relative à l’information du 12 janvier 2012 ». 

Amale Hoummati