Il aura fallu attendre quasiment 47 ans après sa mort (le 31 octobre 1973 à Alger) pour que l’Algérie rende hommage – à travers une conférence nationale intitulée « A l’écoute d’un témoin du siècle » – au célèbre penseur algérien Malek Bennabi

Inaugurée par le Premier ministre, Abdelaziz Djerad et par la ministre de la Culture, Malika Bendouda, la première conférence nationale (le 27 et le 28 octobre) consacrée à l’oeuvre de Malek Bennabi – qui entre dans le cadre d’une semaine entière (du 26 au 31 octobre)dédiée à l’universitaire dans tout le pays – a pour théâtre la Bibliothèque nationale d’El Hamma dont la salle rouge a été baptisée du nom de l’intellectuel constantinois.

Après une brève présentation des thèmes de la conférence par le directeur central du livre et de la lecture publique, Smail Yabrir, les personnes présentes ont eu droit à une courte vidéo résumant les grandes idées développées (la renaissance, du monde des choses, celui des personnes et des idées) par l’intellectuel algérien.

Dans son allocution liminaire, Abdelaziz Djerad a déploré que la pensée de Bennabi « ne figure pas dans les programmes de nos écoles et universités comme c’est toujours le cas pour tous les grands penseurs de ce monde». 

Comme pour mieux confirmer son propos, le chef du gouvernement a admis avoir découvert « la pensée universelle et le génie de l’homme grâce aux penseurs orientaux de l’époque ».  Il a profité de l’occasion pour suggérer l’intégration de la pensée bennabienne « dans les programmes des écoles et des universités».

De son coté, Malika Bendouda a rappelé que « la pensée était ce qui restait du penseur, une fois disparu» et que Malek Bennabi était parvenu « à la substance» en se posant des questions «radicales» et en cultivant « le doute pour ouvrir le champ à la connaissance».

La ministre de la Culture a poursuivi en rappelant que Malek Bennabi avait eu le désir constant de prendre « en charge sa société». Un « homme pluriel et universel » qui englobait des champs aussi divers que les sciences sociales, l’économie ou la politique.

Pour rappel, Malek Bennabi (1905-1973) était un éminent penseur musulman qui s’est principalement intéressé aux questions civilisationnelles. Il est l’auteur du célèbre concept de « colonisabilité » (Vocation de l’Islam, 1954). 

Il compte à son actif plus de 30 ouvrages – en arabe et en français – dont les plus importants sont Le phénomène coranique (1947), Les conditions de la renaissance » (1948), Idée D’un Commonwealth Islamique  (1958), Le problème de la culture  (1959), Mémoires d’un témoin du siècle (1965) ou encore Le problème des idées dans le monde musulman  (1970).

Oubliée sur ses terres, la pensée de Bennabi a surtout trouvé un écho en Asie du Sud-est où des pays comme la Malaisie ou l’Indonésie ont su faire vivre ses idées. 

Amale Hammouti