Invité de de la radio Chaine 3 Ahmed Kateb, expert en hydraulique, a déclaré que les fuites d’eau en Algérie atteignaient les « 40 à 50 % ». Estimant que ce gaspillage était « l’affaire de tous », le consultant international appelle à une « meilleure sensibilisation des citoyens à la gestion de l’eau ». Morceaux choisis :

« L’eau est l’affaire de tous.Une charte de l’eau devient une nécessité absolue du point de vue des changements climatiques. Nous avons remarqué ces dernières années que la diminution de l’eau est de 20 à 30 % en fonction des régions. Dans les années 62, les quantités estimées étaient de 12,3 milliards. Actuellement, cela diminue ».

« Les fuites d’eau dans le monde, c’est autour de 20%. En Algérie, c’est 40 ou 50% ».

« Nous n’avons pas investi sur l’être humain au niveau de la sensibilisation, de l’information et de la communication. C’est là où le bat blesse. Le citoyen regarde s’il y a de l’eau dans le robinet mais il ne sait pas quel est le cheminement, le prix de l’eau, ce qu’est un château d’eau, comment on construit un barrage…et il aimerait que cette eau qui arrive au robinet soit gratuite ». 

« Le prix réel est douze fois plus cher que le prix payé par le consommateur.L’eau dessalé d’Alger coute 120 dinars le m3 et elle revient à l’ADE (l’Algérienne de l’eau) à 160 dinars.Le citoyen la paie 8 dinars ». 

« Il faudrait sensibiliser les 8 millions d’élèves. Il y a un programme à faire entre le ministère des Ressources en Eaux et celui de l’Education nationale ».

« La loi de 2005 a introduit la police de l’eau mais il n’y a jamais eu de texte d’application. Il y a des gens qui n’ont pas de compteurs d’eau. Il y a aussi le piquage d’eau qui est illicite. Quand il y aura une fuite d’eau, elle pourra verbaliser. Elle doit faire son travail et contrôler sur instruction ».

« 70% de l’eau est consommée par l’agriculture et 30% par l’industrie. Un hectare irrigué, c’est à peu près 8000m3. Il faut que les agriculteurs aient des formations dans le domaine de l’irrigation à goutte. On peut diviser cette consommation par 4 ou 5 ».

« Si les agriculteurs algériens ont de l’eau, ils pourront produire suffisamment en Algérie et exporter les produits agricoles vers l’Europe et l’Afrique. Nous avons les capacités, les moyens et les terrains ».

« Il y a 1400 laboratoires de recherche dans l’enseignement supérieur dont une cinquantaine dans le domaine de l’eau. Ils font de la recherche fondamentale ou appliquée sans rapport avec le ministère en Eau.Il faudrait que ce dernier définisse ses 50 ou 100 priorités et fasse des appels d’offre ».

« Actuellement toute l’eau qui tombe dans les villes va directement à la mer.Il faudrait voir avec le ministère de l’Habitat pour que chaque construction ait une réserve d’eau ou une bâche d’eau dans la cave ».

« On rejette 80% des eaux usées, soit 1,5 milliard de m3.Il faudrait qu’elles soient traitées à 100% et réutilisées pour l’irrigation, le lavage des rues, pour le refroidissement industriel ».

« La nappe souterraine dans le sud contient de 40 000 à 50 000 milliards de m3. Chaque eau de pluie qui tombe, c’est 10 milliards de m3 d’eau supplémentaires par an. Nous avons une autonomie pour 5000 ans. On peut l’exploiter et la transférer vers Sétif, Djelfa, Laghouat pour que cela serve l’agriculture des steppes. Nous savons le faire. Nous avons transféré sur 700km les eaux de Ain Salah à Tamanrasset »

« Les prochaines années seront de plus en plus difficiles. Depuis 2012, on a arrêté de construire des stations de dessalement. Elles représentent 17 à 18% de l’eau potable. Il faudrait arriver au tiers par le dessalement ».

Amale Hoummati