Le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères français, Jean-Yves le Drian a répondu mardi après midi à l’Assemblée Nationale à une question de la députée Franco-Algérienne de la Cote-d’Or, et Présidente de la Commission des Affaires Sociales de l’Assemblée Nationale, Fadila Khattabi à une question sur l’avenir des relations entre la France et l’Algérie. Nous vous proposons ci-dessous l’intégralité de la réponse du chef de la diplomatie française :
« La France et l’Algérie sont unis par des liens ancrés dans l’histoire, et par un partenariat qui est aujourd’hui indispensable pour la stabilité de l’espace méditerranéen. Nous sommes convaincus de l’intérêt de nos deux pays à travailler ensemble dans tous les secteurs. Nous avons pour la relation entre nos deux pays, entre nos deux peuples, pour l’avenir du partenariat franco-algérien, une ambition forte. Et nous avons le plus profond respect pour la nation algérienne et pour la souveraineté de l’Algérie.
Cette vision des relations franco-algérienne, je la sais partagée par les responsables algériens, avec lesquels j’ai travaillé de manière approfondie sur de nombreuses questions d’intérêt commun, avec lesquels nous avons toujours trouvé des solutions lorsque des problèmes sont survenus – et avec lesquels nous restons aujourd’hui en contact.
Lorsque des difficultés se présentent – et c’est inévitable dans une relation aussi marquée par les blessures de l’histoire que la relation franco-algérienne –, il faut en parler, il faut les partager et il faut travailler ensemble pour les dépasser. Nous y sommes toujours parvenus, et c’est la voie qu’aujourd’hui encore nous entendons privilégier.
Le Président de la République, qui a commémoré le 16 octobre – pour la première fois s’agissant d’un chef de l’Etat français – les soixante ans des événements tragiques d’octobre 1961, s’est engagé depuis 2017 dans une démarche d’amitié et de lucidité sur toutes les blessures de l’histoire franco-algérienne. Il a confié à cet effet à Benjamin Stora un rapport sur les mémoires de la colonisation et de la guerre d’Algérie. Et il a accompli plusieurs gestes de reconnaissance, portant :
– sur la période de la colonisation, avec la remise de restes humains à l’Algérie à l’été 2020 ;
– et sur celle de la guerre d’Algérie – s’agissant des assassinats de Maurice Audin et Ali Boumendjel, comme d’une plus grande ouverture de nos archives.
Cette approche relève, d’abord, d’une démarche de lucidité sur notre propre histoire. Sur cette base, nous voulons que le dialogue puisse prévaloir avec nos partenaires algériens. Ce travail prendra du temps, il passera par l’établissement des faits, par le dialogue des mémoires et par la mise en place patiente d’une relation apaisée avec notre passé commun.
Nous regrettons un certain nombre de malentendus récents, parce que cette situation ne correspond pas à l’importance que nous attachons aux relations entre nos deux pays. Nous avons engagé des efforts visant à rétablir les conditions d’une relation apaisée. La France entend y travailler avec sérieux, dans le respect mutuel et réciproque de la souveraineté de chaque pays. C’est sur cette base que nous entendons préserver et renforcer la relation entre nos deux pays ».
Mansouria Fodeili