Djamel Belmadi sur le terrain

Le sélectionneur nationale de l’équipe d’Algérie de football, Djamel Belmadi, s’est exprimé jeudi matin à l’hôtel Marsa MalazKempinski, the Pearl, à Doha, lors d’une conférence de presse de près d’une heure et demie. Le coach des Verts a réitéré son envie de conserver son titre lors de la prochaine Can TotalEnergies au Cameroun (9 janvier-6 février 2022) tout en reconnaissant que les cas positifs à la Covid de certains de ses poulains et la décision de la FIFA de retarder l’arrivée des joueurs auprès de la sélection contrecarraient le stage de préparation des Champions d’Afrique. Morceaux choisis :

La FIFA

Le communiqué de la FIFA du 25 décembre donne la possibilité aux clubs de retenir les joueurs jusqu’au 3 janvier alors que c’était précédemment prévu pour le 27 décembre. On nous dit deux jours avant le rassemblement qu’une quinzaine de joueurs ne seront pas disponibles. D’un rassemblement qui devait concerner 26 joueurs, on se retrouve qu’à 10 ou 11. Quand on décide ainsi, on ne prend pas en considération des 24 équipes nationales qui se préparent pour un tournoi continental d’envergure. Je ne sais pas comment l’expliquer.

Les joueurs positifs à la Covid

Nous sommes en contact régulier avec Youcef Belaili concernant cette maladie même s’il n’était pas vraiment asymptomatique. Il n’a pas de grosses douleurs, de gros effets.Il est en quarantaine et va sortir bientôt de son confinement et nous rejoindre. Il fait partie d’une longue liste. Amine Tougai et Houcine Benayada vont faire un test aujourd’hui (ndlr, jeudi), il se pourrait qu’ils puissent nous rejoindre car ils n’avaient aucun symptomes. Il y a d’autres joueurs concernés.Je ne dirai pas les noms. La situation est délicate. C’est difficile à gérer. Il y a la possibilité de perdre un joueur important. 

Une préparation contrariée

Il y a deux choses qui compliquent très lourdement la préparation. Il y a le Covid et cette date du 3 janvier alors qu’on a deux matchs, le 1 et le 5. On a un nombre de joueurs limité et certains qui vont arriver avec un certain niveau de forme. On n’aura pas la possibilité peut être de jouer ces deux matchs. On réfléchit pour savoir si on annule le premier match contre la Gambie ou pas. C’est quasi impossible d’aligner une équipe avec un minimum de joueurs disponibles sur le banc de touche. Cette situation me dépasse. On n’est pas là pour pleurer mais pour trouver des solutions. Je dois positiver à chaque fois même si c’est difficile dans ma position. On va rester optimiste et avancer. 

La pression du titre à défendre

La pression ne peut être que positive. Ce n’est que du football. Je connais la ferveur, l’envie de nous voir triompher. On l’a plus que tout le monde. On va essayer de maintenir notre statut même si c’est difficile. Quand on joue le Champion d’Afrique, il y a un supplément d’âme chez nos adversaires. Ils ont envie de nous faire tomber. C’est la beauté du sport. On a l’envie de rester haut, fort. On va assumer ce statut. Celui qui va devoir nous battre va souffrir car on ne va absolument rien lâcher.

La motivation selon Belmadi

La motivation, c’est de jouer pour le drapeau et pour le pays. Pour moi, ce n’est pas un vain mot. Ils le savent. Ceux qui étaient concernés par les matchs de janvier en Europe ont voulu truquer et passer en force pour être là. Ils voulaient être là depuis le 27. Je leur ai dit que la loi était en faveur des clubs. Ils ont envie de garder ce titre. C’est une Coupe d’Afrique. Un tournoi continental, de grande valeur, en termes d’adversaire. 

La sélection d’Algérie

C’est une joie et un bonheur de retrouver les joueurs. Malgré tous les problèmes, le staff et moi même, on attend cela avec impatience. Mon investissement et la joie de représenter mon pays sont intacts.

Le triplement du poste d’arrière droit

Youcef Atal a eu pas mal de pépins physiques depuis 2019. Avec cette possibilité d’avoir 28 joueurs, on a décidé de tripler ce poste là. Si Dieu le veut, il fera une compétition sans blessure et en étant performant. 

La Coupe arabe 2021

C’était très important pour moi de voir des joueurs pendant la Coupe arabe et notamment ceux qui sont au Qatar. On a eu des joueurs qui ont joué à un certain niveau. Il y avait des éléments de l’équipe A qui auraient été en manque de compétition s’ils n’y avaient pas participé. On a obtenu ce qu’on voulait sur tous les plans : gagner le titre, donner la possibilité à des joueurs de jouer à un certain niveau et à d’autres de se montrer comme Mrezigue même si je m’attendais à mieux.

Yacine Brahimi

Yacine Brahimi rentrait parfaitement dans cet aspect de jouer cette compétition et se frotter à des joueurs différents du Qatar. On devait savoir où il en était et notamment physiquement. Depuis 5 stages, et le match contre le Mexique,  il a alterné les blessures, les retours de blessure, les méformes avec des performances qui n’étaient pas à la hauteur de ce qu’on attend de lui. Quand il est à son niveau, on sait ce qu’il est capable  d’apporter. Avant cette compétition, il était en pleine possession de ses moyens.Cela lui tenait aussi à coeur de montrer qu’il était toujours au haut niveau. Pari réussi !

La bonne surprise Bendebka

Amine Tougai et Ilyes Chetti sont sur des listes élargies depuis deux ans. La vraie « surprise » dans sa performance, c’est Sofiane Bendebka. Je connaissais le joueur.Ses 18 mois en Arabie Saoudite l’ont fait passer dans une autre sphère. Il a énormément progressé. Sur cette Coupe arabe, il a montré l’étendue de ses qualités. Chez nous, c’est la méritocratie. 

La construction d’un groupe

On a fait en sorte de fonder un groupe. Regardez bien les différentes compositions d’équipe depuis la dernière CAN. De là est née une équipe type. Le but, c’est de trouver une stabilité avec une équipe qui fonctionne. Je me base sur un onze type. S’ils jouent, c’est qu’il y a des automatismes, que ça gagne et qu’ils sont disponibles.Je trouve aussi qu’on a une palette de joueurs qui peuvent largement démarrer un match, et être performants sans aucun doute, quand on fait appel à eux. La place n’est acquise définitivement pour personne. Ismael Bennacer, s’il joue régulièrement, c’est parce qu’il le mérite. Pour lui ou pour d’autres , je n’ai aucun doute sur ceux qui les remplaceront.

Le rôle de sélectionneur

Etre sélectionneur, c’est prendre des décisions avec beaucoup d’éléments (l’état physique, l’implication, la progression, les matchs références, la capacité d’apporter quelque chose à l’équipe lors d’une grande compétition le vécu dans un groupe) qui entrent en compte. Il n’y a pas de jeunes ou de vieux. C’est la performance qui m’intéresse. Les joueurs non sélectionnés comme Hicham Boudaoui ou Ahmed Touba connaissent nos attentes. Ils savent pourquoi, ils n’ont pas été pris. On en a parlé avec eux et leur entourage. On n’est pas attentifs aux commentaires mais aux performances des joueurs. La sélection est loin d’être finie pour eux. Il va y avoir un bilan de fait après cette compétition. Ceux qui vont jouer auront une responsabilité. 

L’Algérie en 2018

Quand je suis arrivé, personne ne considérait l’Algérie. Au niveau des instances et de la CAF, je l’ai vu. J’ai vécu cela en Egypte en 2018.C’était catastrophique. Lors du tirages au sort, on était traités comme les sélections qui ne représentent rien. El hamdouLILAH, on est revenu au même endroit un an plus tard pour la remise des trophées. Là, c’était différent. Il ne faut pas l’oublier car il y a de l’amnésie dans le football. J’ai la même soif, la même faim de titres. L’envie qu’on respecte notre sélection. Ce n’est pas du nationalisme bête et méchant mais l’envie de voir son pays très haut. Cette flamme m’animera tout le temps. Je sais que les joueurs ont envie de faire un grand tournoi. 

La série d’invincibilité de 33 matchs sans défaite

Qu’est ce que cette série représente? Si c’est des records pour des records, c’est bien pour l’histoire. Voir le drapeau de l’Algérie dans les livres de record devant l’Italie, le Brésil… c’est bien. Ce qui m’intéresse, c’est que cela démontre qu’on a été constants. Cela veut dire qu’après un trophée, on n’est pas retombés comme cela est arrivé à beaucoup d’équipes. On n’est pas tombés dans ce piège. Pourvu que cela dure le plus longtemps possible. 

L’après Can et les barrages

Il y a les barrages de qualification pour la Coupe du monde, un mois et demi après la Can. Il va y avoir des incidences. Il n’y aura que 23 joueurs. Cinq seront de facto « éliminés » de cette liste en mars. Plein de choses vont se passer entre mars et novembre mais ces 23 qui vont faire cette double confrontation auront une marche avance sur les autres.Cela doit être une motivation pour les joueurs. On fera un bilan collectif et individuel après la Can avec une projection sur le mois de mars et la qualification pour la Coupe du monde. 

Mimoun Mehroug