Algérie Championne d'Afrique 2019

Le sélectionneur national de l’équipe d’Algérie de football, Djamel Belmadi, a tenu dimanche matin au Centre technique de Sidi Moussa une longue conférence de presse en prévision des deux matchs amicaux, à Oran, face à la Guinée (23 septembre) et au Nigeria (27 ). Durant une heure et demie, le coach des Verts a répondu aux questions des journalistes concernant les bi-nationaux, le cas Delort, les critères de sélection en équipe nationale ou encore les joueurs absents. Morceaux choisis :

Les critères de sélection des joueurs

« A partir du moment où on a un minimum d’attachement à ce pays, cela va de soi.Pour parler de projet sportif, il faut déjà avoir une attache. Ce que la plupart d’entre eux veulent entendre, c’est le projet sportif et les « avantages » professionnels qui vont en découler ».

« La crainte pour les joueurs formés en France, c’est d’arriver dans une structure qui n’est pas professionnelle.Bien manger, bien dormir, bien voyager, bien s’entrainer, avoir les bons terrains, les bons équipements, le bon coach, les bons joueurs, c’est une addition d’éléments.Après, il y a le projet de jeu. Puis, les attentes du joueur qui se demande comment il va être utilisé et s’il va progresser avec toutes les conséquences en terme de valeur marchande et de signature dans le club souhaité. Il faut répondre à cela. Je leur donne les exemples d’Ismael Bennacer, de Riyad Mahrez. Il y a eu un Bennacer avant et après la Coupe d’Afrique. Mahrez, avec son travail à Leicester, la sélection lui a donné cette carrure internationale. L’équipe nationale a été le tremplin pour beaucoup de joueurs ».

« Notre réservoir de joueurs qui ont le niveau international est limité. On ne peut pas toujours se limiter au temps de jeu. Certains ne l’ont pas mais il ne s’agit pas de ramener des joueurs qui jouent tous les matchs mais qui n’ont pas le niveau international. Un de mes souhaits, c’est que tout le monde soit compétitif et qu’ils entrent dans un cadre bien défini qu’on a mis en place. Tout le monde s’y est tenu. C’est pour cela que cette équipe a eu des résultats ».

Andy Delort

« C’est lui qui s’était « auto-exclut » puisqu’il voulait mettre cette équipe nationale entre parenthèses.Il s’est auto-sanctionné. Je n’ai jamais fermé une porte de manière définitive à qui que ce soit. J’avais prévu d’aller en coupe du monde. Après celle-ci, j’estimais que c’était la fin d’un cycle.J’allais transmettre le témoin à quelqu’un d’autre qui allait venir.Ce quelqu’un d’autre aurait eu la possibilité d’intégrer Andy Delort ».

« Si on avait été à cette coupe du monde, il n’y aurait pas été. A partir des explications – d’ordre privé – qu’il m’a données, j’ai tendance à croire quand il s’agit de situations assez graves qui concernent la famille .Pour moi, il n’y a plus de problème».

« Aujourd’hui, il revient presque à la case départ. Il va faire les matchs avec ces déplacements périlleux. On a un groupe de joueurs intelligents qui certes ont été touchés par cette déclaration mais on est dans la communication ouverte. Il va surement devoir s’exprimer devant le collectif. Quand on doit réhabiliter quelqu’un, on fait preuve d’intelligence et d’ouverture d’esprit. On veut tous tirer dans le même sens, dans l’intérêt de l’équipe nationale d’Algérie ».

Nabil Bentaleb

« J’ai vu son évolution sur l’aspect comportemental sur et en dehors du terrain. L’intelligence et la maturité prennent des fois un peu plus de temps. En plus, il a le capitanat avec Angers. Je pense qu’il avait très envie de nous rejoindre et qu’il le mérite ».

« J’attends beaucoup de lui dans un système où j’ai besoin d’un joueur devant la défense. C’est là où il estime exprimer le mieux ses qualités et c’est là où j’ai envie d’avoir 2 ou 3 joueurs de qualité .On va le voir avec mes demandes tactiques qui ne sont pas celles qu’il a en club. J’espère qu’il sera capable de montrer ce qu’il a montré dans le passé et qu’on puisse compter sur lui à l’avenir. Il a 27 ans. Il est dans ses meilleures années de sa carrière. La balle est dans son camp ». 

Houssem Mrezigue

« Je le connais depuis presque mes débuts en sélection. Il a commencé à jouer vers 2019 avec le CRB. J’ai vu sa progression et je ne suis pas surpris qu’il ait fait une belle Coupe arabe au Qatar. Il progresse tous les ans. Il est donc venu le temps de le voir avec l’équipe première ». 

Les bi-nationaux

« Pour ces joueurs qui veulent nous rejoindre, il y a le changement de nationalité sportive.C’est une démarche administrative qui se fait conjointement entre le joueur et la fédération algérienne. Elle ne peut rien sans l’aval du joueur et avec certains documents que le joueur doit signer et qu’on enverra à la FIFA et à la Fédération française, s’il s’agit de joueurs français ».

« Pour la première fois, il y a un joueur qui m’a parlé clairement et qu’il m’a dit qu’il était avec nous. S’il avait fait son changement de nationalité sportive, je ne l’aurais pas pris parce que les circonstances autour de lui – vous le comprendrez plus tard – ont montré l’impossibilité d’être disponible pour ces deux matchs de septembre ». 

« Ces joueurs de qualité peuvent avoir un impact positif sur la sélection nationale comme les Feghouli, Mahrez… Peut être qu’un joueur n’est pas prêt aujourd’hui pour mille raisons. Peut être qu’à 23 ans, il sera prêt et qu’il donnera 10 ans d’équipe nationale derrière. Je les ai contactés depuis quatre années, depuis que j’ai mis les pieds en équipe nationale.J’expérimente des joueurs dont j’estime qu’ils ont le niveau international. Il ne s’agit pas d’une équipe de quartier ».

Les joueurs absents

« On ne va pas mettre une date pour ceux qui dépassent les 30 ans. Rien n’est figé. C’est leur niveau de performance qui compte. J’ai trop de respect pour eux. Je n’oublie pas le passé. Je regarde tous les matchs de Baghdad  Bounedjah qui doit retrouver de la confiance et de Djamel Benlamri qui a besoin de s’installer dans un club et de jouer au moins 6 mois pour avoir un certain niveau. Il faut du temps pour eux ».

Karim Ait Yahia