Le premier salon national d’art plastique de Laghouat s’est tenu du 29 au 31 décembre 2019 à la maison culturelle Takhi Abdellah Benkerriou. Pour cette première édition une majorité de jeunes peintres, venus des quatre coins d’Algérie, étaient invités à présenter librement leurs oeuvres. « Le comité d’organisation a surtout voulu donner de la visibilité aux jeunes peintres. On n’est pas tous des artistes mais on s’intéresse a l’art. On sait qu’une partie de la jeunesse est dans notre cas. On a pu le constater par le grand nombre des jeunes gens qui est venu découvrir les peintures et les artistes algériens », précise Shaboub Shakib Ammar, un des responsables de l’association Atlas Saharien, organisatrice de l’événement. Etudiant à l’école régionale des beaux arts de Mostaganem Sid Ahmed Bettaher fait partie de ceux qui ont saisi l’opportunité d’être exposé : « J’ai été invité à participer à ce salon. C’est une énorme chance pour moi de rencontrer un nouveau public et d’autres confrères algériens ». Le jeune artiste de 20 ans a choisi pour l’occasion de montrer aux visiteurs des peintures à la fois réalistes et abstraites. «Depuis que j’ai commencé, j’ai toujours fait de la peinture réaliste. Récemment, j’ai changé pour de l’abstrait étant donné que c’est en ce moment le courant artistique le plus populaire en Algérie », détaille le jeune homme originaire de Relizane. Quelques mètres plus loin, Fatima-Zahra Benarab, qui s’est récemment lancée dans l’aventure artistique, expose pour la première fois. La débutante de 28 ans n’a pas hésité à aller au devant des organisateurs pour se faire connaitre: « J’ai commencé il y a une année à peindre dans le but de participer a des expositions.J’ai posé ma candidature pour ce salon. Cela me permet de montrer mes travaux au public » se réjouit la native la région.Rompu à l’exercice, avec quinze manifestations à son actif, Abdelhafid Boucif est lui aussi un autodidacte. L’ artiste venu de Tiaret a amené avec lui trois tableaux d’une série de sept qui ont pour thème « l’émotion africaine ». « Le procédé que j’utilise est de l’huile sur toile. Mon travail est expressionniste et inspiré par le style africain. Je veux rendre hommage aux migrants des autres pays africains qui viennent trouver refuge en Algérie, surtout les enfants et les femmes. Je voulais rappeler aux gens que ces réfugiés ont beaucoup perdu a cause des guerres et de la pauvreté. Je veux remédier à cette indifférence pour que les gens aient de l’empathie envers eux. Je voulais tout simplement restaurer leur part d’humanité», s’émeut le peintre de 32 ans. Durant ces trois jours, l’éclectique public n’a pas caché son enthousiasme pour ce cette première régionale. En vacances chez des amis à Laghouat, une touriste française s’est laissée guider vers le centre culturel. « Des que j’ai su qu’il y avait une exposition, j’y suis venue. J’ai beaucoup aimé cette découverte de l’art algérien, et plus particulièrement les fantaisies », exulte la septuagénaire. Même son de cloche pour ces deux jeunes étudiantes de 18 ans qui ont été informées de la tenue de l’événement sur les réseaux sociaux : « On aime l’art, alors forcement on n’allait pas rater cela. On a vu des styles et des thèmes différents. On a beaucoup aimé cette variété». Parfois ce sont les jeunes qui ont conseillé les plus âgés. Comme pour cette ancienne enseignante de 63 ans qui a eu vent du salon grâce à sa nièce : « Je suis ravie d’assister à cet événement et de pouvoir échanger avec les peintres. » Et de conclure : « J’espère qu’il y aura plein d’autres occasions comme celle-ci pour encourager nos jeunes artistes et pour leur montrer notre intérêt pour l’art ».
Saliha Haddad