Bentaleb

« C’est la meilleure destination pour moi ». C’est en ces termes que Nabil Bentaleb a fait savoir aux supporters de Newcastle, via la télévision du club, pourquoi il avait choisi de revenir en Angleterre. Un retour en Premier League qui ferme ainsi la parenthèse avec Schalke 04 puisqu’il est acquis que l’International algérien, prêté six mois par le club allemand avec obligation d’achat, sera officiellement un joueur des Magpies à l’issue de la saison. 

Pour sa première sortie médiatique, le natif de Lille a expliqué les raisons qui l’ont poussé à retrouver un championnat qui l’avait révélé du coté de Tottenham entre 2014 et 2017. «Je voulais absolument faire mon retour dans le championnat anglais, et spécialement ici.Quand on m’a parlé de ce club, j’ai été intéressé par le projet. Je sais ce que l’équipe signifie pour les fans. Il y a beaucoup de passion. On joue avec le coeur.Je veux donner 200% sur le terrain pour le bien de l’équipe».

Des hauts et des bas à Schalke 04

La chaleur de ceux qui sont considérés comme étant les meilleurs supporters de toute l’Angleterre devrait vite faire oublier les six derniers mois glaciaux vécus par le Nordiste avec David Wagner, son entraineur à Schalke. Arrivé au cours de l’été 2019 du coté de Gelsenkirchen, le coach américain n’a jamais intégré le milieu de terrain de 25 ans dans ses plans. Pas un seul match à se mettre sous la dent avec le groupe professionnel pour le Lillois. Une vraie punition proche de l’humiliation qui lui fera perdre six mois dans sa carrière.

Avec un titre de meilleur espoir de Bundesliga (en 2017), l’expérience allemande avait pourtant bien commencé. A tel point que les dirigeants des Bleu et Blanc n’ont pas hésité à lever l’option d’achat de 20 millions d’euros et à proposer à leur joueur un contrat de quatre ans. Une aubaine pour celui qui ne faisait déjà plus partie du projet de jeu de Maurizio Pochettino à Tottenham. La suite sera un peu moins glamour. Des blessures et une sanction disciplinaire de quelques semaines, entrecoupées de belles performances, viendront ternir les belles promesses affichées à la fin de la saison 2017. Le summum de la crise étant cette demi-saison blanche en 2019 avec les Die Knappen. Un chômage technique qui scellera la fin de l’aventure dans la Rhur.

Des débuts très prometteurs

A mi-parcours, un coup d’oeil dans le rétroviseur permet de constater que la trajectoire de Nabil Bentaleb n’a jamais été vraiment linéaire. Bien au contraire, le Lillois a du affronter, dès l’âge de 14 ans, le rejet du centre de formation du LOSC. C’est au Royal Excelsior de Mouscron, de l’autre coté de la frontière, qu’il trouvera refuge pour continuer à exercer sa passion. Mais les difficultés financières du club belge amèneront le jeune footballeur en herbe à regagner sa région d’origine.L’US Dunkerque lui ouvre alors les bras en l’ intégrant chez les U17. Très vite un agent décèle en lui un potentiel intéressant. Alors que le FC Birmingham souhaite le tester, c’est vers l’Academy de Tottenham qu’il s’engagera en janvier 2012. L’adolescent est épatant avec la réserve de Tim Sherwood. Son mentor, nommé en 2013 à la tête de l’équipe première, n’hésitera pas à lui faire confiance à tout juste 19 ans en l’incorporant avec les Professionnels.  C’est sur le terrain de Southampton, ce 22 décembre 2013, que le rookie effectue son baptême du feu. A partir de ce jour, il ne quittera plus l’équipe fanion. Ses belles prestations avec les Spurs lui vaudront d’être cité en 2014 par la Gazetta dello Sport parmi les footballeurs de moins de 20 ans les plus prometteurs.

LAlgérie, entre douceur et amertume

Appelé régulièrement en équipe de France des U19, le milieu récupérateur est aussi dragué par les fédérations anglaise, étant donné qu’il a été en partie formé en Angleterre, et algérienne qui souhaitent l’ enrôler. Finalement, le joueur décidé de porter la tunique des Fennecs.Il inaugure son compteur sélection le 5 mars 2014, à Blida, face à la Slovénie. La suite, c’est une brillante qualification pour la coupe du monde au Brésil suivie d’une belle épopée qui amènera les Verts à un historique huitième de finale, perdu, contre l’Allemagne (2-1).  

L’idylle avec les Verts va se poursuivre avec notamment une très belle Can en Guinée équatoriale (2015). Malgré l’élimination en quart de finale face à la Cote d’Ivoire (3-1), le niveau affiché par le milieu de terrain est convaincant. S’ensuivront deux années où il s’installera confortablement dans l’entre-jeu algérien avant une non-convocation, en octobre 2017, pour le match comptant pour les éliminatoires à la Coupe du monde 2018 face au Cameroun.Cette mise à l’écart temporaire, comme celles de Faouzi Ghoulam, Riyad Mahrez et Islam Slimani, intervient dans un contexte très spécial qui voit se succéder 4 sélectionneurs en l’espace de 16 mois. En conférence de presse à Oran, le nouveau président de la fédération algérienne de football (FAF), Kheireddine Zetchi, justifiera cette sanction déguisée par un discours on ne peut plus clair : « dorénavant les joueurs qui ne sont pas motivés ne seront pas convoqués. Tous ceux qui viendront jouer en sélection doivent être au service de l’équipe et non pas le contraire », martèlera le patron de la FAF.

Le retour au sein de la maison Algérie s’effectuera finalement en mars 2018 lors d’un match amical face à la Tanzanie (4-1). Rabah Madjer, qui est en poste depuis 5 mois, le titularise pendant une heure avant de le remplacer par Ismael Bennacer, celui qui deviendra par la suite la nouvelle coqueluche du public algérien.Jusqu’en octobre 2018, il connaitra encore quelques convocations avec Djamel Belmadi qui, dans l’intervalle, a pris la succession de Madjer. Depuis cette date, une certaine méforme et des difficultés avec son club de Schalke 04 ont privé le Franco-Algérien de matchs avec la sélection et du titre de Champion d’Afrique 2019. 

Avec ce nouvelle challenge du coté de Newcastle, le néo-Magpie se donne encore une opportunité de rebondir. De belles prestations à Saint James Park pourraient rebattre les cartes avec l’Algérie dans son secteur de jeu. En effet, la prochaine fin de carrière en Vert d’un Adlène Guedioura, l’inexpérience internationale d’Hicham Boudaoui ou de Haris Belkebla et l’ouverture d’esprit du meilleur entraineur africain 2019 peuvent constituer des motifs d’espoir pour le Chti de 25 ans. Ne dit-on pas qu’à cet âge là, c’est le début de la maturité…

Karim Ait Yahia