L’Algérie commémore en ce jour le 59è anniversaire des manifestations du 17 octobre 1961 à Paris – sous l’égide de la fédération française du Front de Libération Nationale (FLN) – qui ont débouché sur la mort et la disparition de plusieurs centaines d’immigrés algériens.

Vendredi, le ministre des Moudjahidine et des Ayants-droit, Tayeb Zitouni, a rappelé le droit pour l’Algérie « à l’examen et au règlement des dossiers liés à la mémoire nationale ».

Interrogé par l’APS, M. Zitouni a déclaré que l’Algérie « demeurera attachée à ses droits suivant les mécanismes mis en place, tels que la création de groupes de travail conjoints, pour l’examen et le règlement, dans leur cadre défini, des dossiers liés à la Mémoire nationale ».

« La question mémorielle fait l’objet d’un suivi permanent de la part du ministère des Moudjahidine et des Ayants-droit. Le traitement des dossiers de la Mémoire se fait à travers le canal diplomatique avec la contribution de tous les secteurs et instances concernées », a-t-il ajouté. 

Rendant hommage aux manifestants d’octobre 61 – qui défilèrent pacifiquement pour protester contre le couvre-feu imposé aux Nord-Africains par la préfecture de police de Paris – le ministre des Moudjahidines a estimé que leur combat a représenté « une halte cruciale dans le processus de la Glorieuse Guerre de libération nationale » et que l’émigration « n’était nullement pour eux un abandon de leur patrie, ni un oubli des souffrances et des aspirations de leurs concitoyens » mais « une expression sincère de la conviction de la diaspora algérienne quant à l’impératif de la Guerre de libération et un défi extraordinaire à la plus forte puissance coloniale soutenue par l’OTAN que la volonté des peuples était invincible ».

« Ces manifestations historiques au coeur même de la capitale du colonisateur avaient donné une forte impulsion à la Révolution de libération au plan externe et démontré à quel point était solide le lien spontané entre les enfants de l’Algérie, qu’ils soient à l’intérieur ou à l’extérieur », a complété le ministre.

Une histoire de la diaspora qui selon l’ancien président de l’APC d’Oran est « jalonnée de sacrifices pour le recouvrement de la souveraineté nationale ».

Dans une pique adressée à l’ancienne puissance coloniale, M.Zitouni a aussi pointé du doigt la dichotomie entre les valeurs affichées par la devise de la république et la réalité du terrain. Pour le responsable politique algérien, la répression des autorités françaises a dévoilé « le vrai visage du colonisateur et battu en brèche les prétentions de respect des droits de l’Homme et des principes de justice et d’égalité ».

Pour rappel, les massacres d’octobre 61 ont été perpétrés sous la responsabilité du préfet de police de Paris, Maurice Papon. Selon les travaux de l’historien Jean Luc Einaudi, ce sont plus de 200 Algériens qui sont décédés (noyades dans la Seine, victimes de la répression) entre le 17 octobre et les jours qui suivirent la manifestation.

Amale Hoummati