Le Museum Sharjah Authority des Emirats Arabes Unis a décidé de rendre hommage à Baya Mahieddine en organisant lors de l’exposition Impressions durables (17 février au 31 juillet 2021) une rétrospective des oeuvres de la plasticienne algérienne. 

Pour cette 11è édition, plus de 70 œuvres – dont des toiles provenant de l’exposition inaugurale de l’artiste à Paris en 1947 – retraceront la carrière de l’artiste.

Née le 12 décembre 1931 à Bordj El Kiffan (Alger), Baya, de son vrai nom Fatma Haddad, épouse Mahieddine est orpheline de ses deux parents. Elle sera dans un premier temps recueillie par sa grand-mère avant d’être adoptée par Marguerite Benhoura chez qui elle vivra de l’âge de 7 à 20 ans.

Très tôt la passion artistique gagne la petite Baya qui réalise ses premiers tableaux alors qu’elle n’a que 8 ans.Son talent impressionne le sculpteur Jean Peyrissac qui montre ses gouaches à son ami Aimé Maeght, un marchand d’art parisien de passage à Alger, en 1943. Son style chatoyant – un univers onirique peuplé d’oiseaux, d’instruments de musique et de personnages féminins – plait beaucoup.

En février 1947, Maeght organise une exposition dans sa galerie à Paris où elle est conviée.Le succès est fulgurant.Elle découvre alors Paris et rencontre le peintre Georges Braque. Baya qui n’a que 16 ans apparait aussi en photo dans le prestigieux magazine Vogue et sous la plume d‘Edmonde Charles-Roux qui lui consacre un papier.

« Baya abroge les formes, les classifications et les dimensions. Tout l’effort de l’artiste est tendu vers la recherche d’une sorte d’harmonie prénatale que la découverte du monde normé, balisé, anguleux nous a fait perdre », écrira de son coté Breton.

Après son succès parisien, l’artiste algérienne fait régulièrement des allers-retours entre la France et l’Algérie. En 1949, le temps d’un été, elle s’installe à Vallauris pour y faire de la poterie à l’atelier Madoura.Elle y côtoiera un certain Picasso.

En 1953, elle se marie au musicien d’arabo-andalou El Hadj Mahfoud Mahieddine. Durant une décennie, l’Algéroise met son talent artistique en stand-by jusqu’au début des années 60. 

Un an après l’indépendance, elle participe à l’exposition collective Peintres algériens organisée à l’occasion des fêtes du 1er novembre. Le musée d’Alger acquiert à cette occasion ses anciennes œuvres. Mireille et Jean de Maisonseul, conservateurs du musée, l’incitent alors à reprendre les pinceaux. Ses nouveaux tableaux seront par la suite régulièrement exposés en Algérie, en Europe (Paris, Bruxelles) et dans le monde arabe.

Plusieurs de ses œuvres sont aujourd’hui éparpillées à travers le monde. On les retrouve dans des musées algériens mais aussi à Lausanne (Suisse) dans la Collection de l’art brut, à Doha (Qatar), au Museum of Modern Art, à Paris à l’Institut du monde arabe ou encore à Bamako, au Musée national du Mali.

Dans l’histoire de la peinture algérienne, Baya Mahieddine est associée, au même titre qu’Aksouh, Benanteur, Guermaz, Issiakhem, Bel Bahar, Khadda et Mesli, aux artistes dits de la Génération de 1930, les fondateurs de l’art pictural algérien moderne.

C’est à Blida, dans la ville des roses, qu’elle s’éteint le 9 novembre 1998 – un mois avant de fêter son 67 ème anniversaire – et qu’elle repose désormais.

Amale Hoummati