Le ministre de la Communication, Porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer a annoncé jeudi que la réactivation du Fonds d’aide à la presse, gelé depuis 2014, et la fin de « l’anarchie » dans le secteur des médias .
« Cette réactivation, validée par le Premier ministre sur la base d’une proposition que nous avions faite, tend à aider les médias privés à surmonter leurs difficultés financières, compliquées davantage par l’arrêt des activités engendré par la pandémie du coronavirus (Covid-19) », a déclaré M. Belhimer dans un entretien au site l’ExpressDZ.
Le ministre a par ailleurs ajouté que les 10 chantiers lancés en 2010 pour « assainir » son secteur étaient bien avancés, et qu’un cadre juridique « adéquat » allait régir « la presse électronique, les statuts de Télédiffusion d’Agérie, la publicité, les sondages et les agences de communication. »
Le Porte parole du Gouvernement a ensuite rappelé que l’année 2021 sera consacrée à l’amendement de la loi organique de 2012 relative à l’information afin, dit-il, « de l’adapter à la nouvelle Constitution et aux mutations que connait le secteur ».
Concernant l’épineuse question de la publicité, il a précisé -qu’en attendant l’adoption du décret exécutif s’y rapportant -, que c’est à l’ANEP qu’a été confié le soin « de mettre en conformité l’accès aux annonces publiques avec les lois de la République, par une série de critères transitoires, quinze en tout, qui prendront effet incessamment ».
Au sujet de la presse en ligne, il s’est réjoui que le décret en vigueur ait mis fin à « l’anarchie ».
Dans son désir de nettoyage, le ministre a indiqué qu’il souhaitait améliorer le secteur dont il a la charge. Un univers qui a été, d’après lui, trop longtemps « rongé par les intrus et les affairistes ».
Prenant le prétexte de la question de la sécurité numérique, l’ancien journaliste exige désormais que tous les sites électroniques « soient hébergés localement » afin, dit-il, « de protéger les données du pays ».
« Les journaux électroniques, existants et ceux à avenir, sont ainsi invités à rapatrier l’hébergement physique et logique de leur site dans le domaine en.dz, sachant que les capacités nationales dans ce domaine sont de plus en plus importantes », justifie-t-il.
Pour ce faire, il a mentionné l’entreprise de télédiffusion (TDA), Algérie Télécom, Mobilis ou encore l’agence Algérie Presse Service (APS) qui disposeraient, estime-il, « de Data Center répondant à tous les besoins d’hébergement des sites électroniques et de stockage des contenus informatisés ».
Le ministre de la Communication a en outre affirmé qu’il n’existait pas dans le pays « de prisonniers d’opinion ».
« Il ne faut pas, pour des motivations occultes, faire l’amalgame entre l’emprisonnement d’un journaliste pour délit d’opinion et le caractère sacro-saint de la justice lorsqu’un délit est commis, quand bien même par un journaliste », a-t-il expliqué.
Et de poursuivre : « Le journaliste a des devoirs et des droits garantis et protégés par la loi en sa qualité de professionnel de l’information. Mais lorsqu’il commet des délits, il est jugé et condamné comme tout citoyen qui enfreint la loi. Nul n’est au-dessus de la loi ».
Pour rappel, Khaled Drareni – fondateur du site internet Casbah Tribune et correspondant de TV5 Monde à Alger – a déjà passé 324 nuits en prison après avoir été condamné le 15 septembre 2020 par la Cour d’appel d’Alger à deux ans de prison ferme pour avoir couvert le 7 mars 2019 une manifestation du Hirak, le mouvement populaire et pacifique qui appelle à l’instauration d’une véritable démocratie en Algérie.
Amale Hoummati