Les Algériens étaient au rendez vous ce lundi pour célébrer le deuxième anniversaire du Hirak, le mouvement populaire et pacifiste né le 22 février 2019 et qui réclame toujours la fin du « Système ». 

Malgré l’arrêt de la dynamique hirakiste en 2020, en raison de l’épidémie de Covid-19, ils étaient nombreux à battre le pavé à Alger et dans plusieurs villes du pays. 

« Dieu soit loué, le peuple s’est réveillé. On pensait que les gens se contenteraient de ce que le pouvoir a lâché, mais maintenant on va revenir aux marches d’avant la Covid », a déclaré à l’AFP Hassan, un infirmier de 28 ans.

 © crédit photo/ Zouheir Aberkane

Nonobstant le déploiement d’un imposant dispositif sécuritaire, les marcheurs – brandissant le drapeau national et des emblèmes amazighs (berbères) – ont repris leurs habitudes de l’année 2019 en convergeant vers la Grande Poste, le lieu de regroupement névralgique du Hirak. 

« Nous ne sommes pas venus pour célébrer (l’anniversaire) mais pour que vous partiez », scandaient les manifestants à l’attention du personnel politique.

Il faut remonter à février 2020, avant le début de l’épidémie de Coronavirus en mars 2020, pour voir des rassemblements d’une telle ampleur avec des hirakistes, venus d’autres wilayas, se joindre aux cortèges algérois. 

Dans le reste de l’Algérie, des photos et des vidéos des marches à Annaba, Oran, Béjaïa, Sétif, Bouira, Mostaganem, Constantine ou Tizi Ouzou…ont été relayées sur les réseaux sociaux. 

Selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), la police aurait procédé à une trentaine d’interpellations dans la capitale et à une soixantaine pour l’ensemble du territoire. 

Parti de Kherrata, le 16 février 2019 avant de s’étendre à Alger et autres wilayas du pays, le mouvement pacifique et populaire du Hirak dont les slogans « Silmya, Silmya» (« Paix, paix») et « Dawla madaniya machi askaria » (« Etat civil, non militaire ») avait poussé à la démission, le 2 avril 2019, l’ancien Président de la république Abdelaziz Bouteflika.

Mis en stand-by par l’irruption de la crise sanitaire, le mouvement n’a pas varié d’un iota quant à ses revendications d’une Algérie démocratique et débarrassée de la corruption. 

Dans sa tentative de couper l’herbe sous le pied du mouvement, le chef de l’Etat, Abdelaziz Tebboune, qui a souvent invoqué dans ses discours le « Hirak authentique béni », a déclaré ce 22 février : « Journée nationale de la fraternité et de la cohésion peuple-armée pour la démocratie ». 

Le locataire d’El Mouradia a par ailleurs procédé depuis vendredi dernier à la grâce d’un peu plus de 35 détenus, dont Rachid Nekkaz, Dalila Touat et Khaled Drareni, à un léger remaniement ministériel et à la dissolution de l’Assemblée Populaire Nationale (APN),  afin que ces élections anticipées – prévues dans un délai de 6 mois – ouvrent « leurs portes aux jeunes » et que le parlement soit « le porte-voix du peuple », promet M Tebboune.

Amale Hoummati