Ramtane Lamamra qui annonce la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc

L’Algérie a décidé, mardi, par la voix de son ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, M. Ramtane Lamamra, de rompre ses relations diplomatiques avec le Maroc après des années de tension entre les deux pays.

« L’Algérie a décidé de rompre ses relations diplomatiques avec le Maroc à partir d’aujourd’hui », a déclaré M. Lamamra au cours d’une conférence de presse animée à Alger.

Alger accuse Rabat d’actes hostiles incessants

Mercredi dernier, le Président de la république, Abdelmadjid Tebboune, lors du haut Conseil de sécurité, avait déjà expliqué que « les actes hostiles incessants perpétrés par le Maroc contre l’Algérie » nécessitaient « la révision des relations entre les deux pays et l’intensification des contrôles sécuritaires aux frontières Ouest ». 

Sur les réseaux sociaux le royaume chérifien a réagi en rejetant « les prétextes fallacieux, voire absurdes » avancés par Alger. Il a par ailleurs regretté une « décision complètement injustifiée mais attendue » tout en indiquant qu’il « restera un partenaire crédible et loyal pour le peuple algérien ».

Une suite de tensions entre l’Algérie et le Maroc

Cette rupture des relations entre les deux voisins maghrébins intervient dans un contexte marqué par la récente affaire Pegasus. Le ministère des Affaires étrangères (MAE) avait accusé le Maroc d’avoir utilisé le logiciel israélien pour espionner 6000 Algériens dont un certain nombres de hauts dirigeants politique et militaire ainsi que des personnalités publiques et des journalistes (https://bit.ly/2Wo9iNx).

« L’Algérie exprime sa profonde préoccupation suite aux révélations (…) faisant état de l’utilisation à large échelle par les autorités de certains pays, et tout particulièrement par le Royaume du Maroc, d’un logiciel d’espionnage dénommé Pegasus contre des responsables et citoyens algériens », s’était plaint dans un communiqué le MAE.

Quelques semaines plus tôt, Alger avait également reproché au représentant marocain à l’ONU d’avoir distribué une note aux pays non-alignés soutenant un droit à l’auto-détermination de la Kabylie. Un acte qualifié à l’époque de « dérive particulièrement dangereuse ». (https://bit.ly/3sKQZOd). 

Le conflit du Sahara Occidental, noeud du conflit

Ces bisbilles internationales entre Algériens et Marocains sont montés d’un cran depuis que l’ex-président américain Donald Trump a annoncé, le 10 décembre 2020, que le Maroc allait établir des relations diplomatiques avec Israel. Une officialisation entre les deux parties motivée par le soutien de Washington à la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental, principale pomme de discorde entre l’Algérie et le Maroc.

Ce conflit larvé entre les deux pays avait d’ailleurs poussé Rabat, le 7 mars 1976, à rompre tous liens diplomatiques avec son voisin après une reconnaissance algérienne de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), autoproclamée par les indépendantistes du Front Polisario.

Pour rappel, les frontières entre les deux pays sont officiellement fermées depuis le 16 août 1994. 

Mansouria Fodeili