Andy Delort et Ramy Bensebaini

Le sélectionneur de l’équipe d’Algérie, Djamel Belmadi, était l’invité de l’émission Rothen s’enflamme ce jeudi soir sur la radio RMC. Le coach des Verts est revenu sur la polémique qui l’a opposé à Andy Delort en rappelant qu’il n’admettait pas la décision du Niçois de mettre entre parenthèse, pendant un an, la sélection nationale au profit de son club.

Interrogé par Jérome Rothen sur la volonté d’Andy Delort de privilégier son club de l’OGC Nice – qu’il a rejoint à la fin du mercato d’été – au détriment de la sélection nationale, Djamel Belmadi n’a pas été tendre avec l’ex-montpelliérain sur les ondes de la radio RMC. 

« C’est la grosse blague de l’année. Il ne faut pas dire des énormités comme cela. C’est ou de la grosse stupidité, ou le culot qui n’a pas de limite. C’est manquer de respect doublement », s’est emporté le sélectionneur algérien.

Puis le coach des Fennecs a expliqué pourquoi il n’acceptait pas la décision du néo-niçois de faire une pause internationale d’une année. 

« On n’accepte pas cela. Nous on va jouer au Niger sous 40 degrés dans des conditions exécrables pendant cette campagne de qualification qui est quasi l’enfer. Il y a beaucoup de joueurs en Europe qui ne pourrait pas jouer là bas. Et quand tout est fait, le monsieur revient comme une petite mariée et dit : « C’est bon, je suis dispo maintenant ». C’est manquer de respect doublement », a ironisé le natif de Champigny sur Marne.

La polémique entre les deux hommes a surgi quand le Meilleur entraineur d’Afrique 2019 a révélé en conférence de presse d’avant match contre le Niger les raisons qui l’ont poussé à ne pas sélectionner le Sétois : « Il y a un petit mois, j’ai reçu une information d’acteurs du football selon laquelle Delort aurait signé un document au moment de sa signature à Nice affirmant qu’il n’irait pas à la CAN. Ça m’a ébranlé mais je me disais ‘wait and see’ ». 

Le Franco-Algérien avait ensuite révélé la teneur de l’échange qu’il avait eu avec son joueur. « Il m’a envoyé un message où il me dit vouloir privilégier son club en raison de la concurrence avec Dolberg et Gouiri. ​Il m’a dit vouloir se mettre en pause avec la sélection pendant un an », a-t-il indiqué. 

Le lendemain de la sortie médiatique de Belmadi, Delort a de son coté défendu – dans les colonnes du journal l’Equipe – son choix vis à vis de la sélection. 

« C’est le fruit d’une longue réflexion dont j’ai pu faire part à Djamel lors d’une discussion entre hommes. […] Je vais avoir 30 ans dans deux jours (ndlr, le 9 octobre) et je suis à un moment charnière de ma carrière. Je viens d’arriver dans un club où l’exigence et la concurrence sont beaucoup plus élevées. Je veux mettre toutes les chances de mon côté », s’est justifié l’attaquant des Aiglons.

A une question d’un journaliste de RMC sur la communication de Bouzelouf (le surnom de Delort avec l’Algérie), le coach d’El Khadra a regretté la maladresse du banni.

« Il aurait dû dire qu’il mettait la sélection entre parenthèses, qu’il privilégiait son club parce qu’il y a de la concurrence, et rajouter qu’il n’était pas le premier choix en équipe d’Algérie. Mais il me parle de la concurrence qu’il a à Nice. Donc, il accepte la concurrence à Nice et il se bat, mais il ne l’accepte pas en équipe nationale d’Algérie. Il y a un non-sens total », a estimé Belmadi.

Au cours de l’entretien, le sélectionneur algérien s’est en également pris aux dirigeants de Nice les accusant de mettre la pression sur les joueurs qui voudraient disputer le Championnat d’Afrique des nations (CAN).

« J’ai discuté avec son directeur sportif qui m’a expliqué qu’il souhaitait que ses internationaux africains ne fassent pas la CAN. On n’est pas obligé de l’accepter. C’est un manque de considération envers l’Afrique », a déploré le sélectionneur algérien.

Et d’ajouter : « « Vous savez qu’Islam Slimani était demandé par Nice. Julien Fournier (Directeur Sportif des Aiglons) lui a proposé la même chose. Il lui a répondu : « même pas en rêve ». Chacun place le curseur de son implication et de son amour de son pays où il veut. Voilà où le place Islam et Andy ».

Si Andy Delort a précisé qu’il ne prenait pas sa « retraite internationale », il y a fort à parier qu’on le reverra plus sous les ordres de Djamel Belmadi qui est loin d’avoir digéré l’affront. 

«  Il a démarré le jour de la CAN 2019. On lui a rendu service. Il est venu, il a fait des pieds et des mains pour arriver en équipe nationale. Jusqu’à la dernière seconde, le gars ne nous a pas lâché », a rappelé en guise de conclusion le coach des Champions d’Afrique 2019

Karim Ait Yahia