Le sélectionneur national de l’équipe d’Algérie, Djamel Belmadi était l’invité lundi soir de l’émission Rothen s’enflamme sur la radio française Rmc. Le coach des Verts a tenu à clarifier sa position suite à la polémique née de ses déclarations le 24 avril (https://bit.ly/3kBwKQ2) sur l’arbitrage africain et la personne de Bakary Gassama, l’arbitre d’Algérie-Cameroun (1-2). Morceaux choisis :

« La désillusion a été forte. Avec la Coupe du monde on aurait terminé un cycle. Tous les gars, joueurs et staff, sont tous meurtris.Cela va être à moi de recréer une synergie. On vit des moments difficiles. Je dois donner toute ma personne et ma concentration pour mon pays et mon équipe nationale ».

« Cela a été difficile car il y avait beaucoup d’attente.C’est quatre ans de travail. L’objectif, c’était la Coupe du monde. Voir les choses disparaitre sous son nez à domicile dans les dernières secondes, c’est difficile à encaisser.Cela fait un mois, on ne l’a pas encore digéré. C’est la passion qui fait qu’on se comporte naturellement ».

« Je suis venu pour donner le meilleur de moi-même, pour faire progresser cette équipe, pour gagner des titres. On l’a fait. On a eu une forme de constance avec ces 35 matchs d’invincibilité. On était à deux matchs du record de l’Italie. On est au milieu de l’Italie, l’Allemagne, l’Argentine. C’est une satisfaction. »

« Même si je suis contrat jusqu’en décembre 2022, il y avait une possibilité que je puisse arrêter après un échec comme celui là.J’ai dû prendre le temps de bien analyser, d’être sûr de prendre la bonne décision. C’est plus un contrat moral avec l’Algérie.J’ai entendu la voix du peuple qui voulait que je continue. Je ne peux pas être inattentif à cela. J’ai été voir les dirigeants pour savoir s’ils avaient envie de travailler avec moi. Ils n’ont pas voulu que j’arrête la sélection. J’ai donc continué ». 

« Cela me fait mal de devoir me rabaisser, de me justifier et de laisser le fond. Quand je dis qu’il est confortablement installé (ndlr, Bakary Gassama l’arbitre d’Algérie-Cameroun aperçu par le sélectionneur à l’aéroport d’Alger le lendemain du match), il y avait un coté : « je nargue ».On sait ce que la veille au soir, il s’est passé.On estime qu’on a été largement lésés. Je n’ai pas supporté cette image. Je n’avais juste pas envie de le voir à ce moment là dans cet état, les jambes allongées et en train de siroter un café. Je lui ai dit ce que je pensais comme beaucoup l’auraient fait. Il n’a pas  bronché. Il était froid. Il ne me regardait même pas ». 

« Ce qui m’intéresse, c’est de prendre en considération de manière claire, forte l’arbitrage africain qui va nous faire progresser. Ce qui s’est passé ne doit plus se passer. Peut être qu’il y a des choses qui vont sortir et vous comprendrez un peu mieux. Le problème est profond, le concernant et concernant tout l’arbitrage. Il faut connaitre la donne du football africain pour savoir comment cela fonctionne. Qui il est et comment il est perçu. Je ne peux pas en dire plus que cela ».

« L’arbitrage est obsolète. Je l’ai dit. Cela n’a pas plu. C’est trop à l’ancienne. Il y a une mainmise de ceux qui ont le bras le plus long.Il y a des trafics d’influence.Cela fait partie des priorités de la FIFA depuis longtemps.Gianni Infantino (ndlr, le président de la FIFA) dit depuis le début qu’il va réformer l’arbitrage africain et faire en sorte que les choses avancent.Dans les faits, rien ne s’est passé ». 

« J’ai dit que cela ne doit plus jamais se passer pour l’Algérie ou pour d’autres pays qui ont été lésés. Aliou Cissé, alors que tout se passe bien pour lui, dit que l’arbitrage est un souci. Il ne peut pas en parler car sa fédération le freine. J’en parle car je n’ai rien à perdre ».

« Kaba Diawara, Fousseini Diawara, Samuel Olembe ont une vraie envie de faire progresser le foot africain et d’apporter leur expérience. Il n’y a pas d’amour mais des preuves d’amour. Je dis à ceux qui sont derrière leur écran à Paris de venir sur le continent africain comme on le fait.Je suis venu en Algérie pour apporter ce que je peux apporter à mon équipe nationale ».

« Je ne prône absolument pas la violence. Le football, c’est l’unité des peuples, la solidarité, la fraternité.Je suis pour cela. C’est pour cela que je suis sur mon continent. Je suis profondément africain, algérien. J’ai aussi ma culture française car je suis né en France. Tout cela est une grande richesse. Que l’on ne vienne pas toucher à l’homme et ses principes par ce qu’on a un agenda ou un diktat ». 

« Je me remets en question dans la victoire comme dans la défaite. Cette idée de se relever et de redevenir forts, reconquérir ce qu’on a perdu, c’est une addition de choses qui me tiennent à coeur. On va regagner, et ensuite on verra. Je vais au moins jusqu’à la Can 2023 ».

Mimoun Mehroug