Néo-international avec la Guinée, Yasser Baldé s’apprête à défier, ce jeudi (20h algériennes) sur la pelouse du stade Nelson Mandela de Baraki, l’Algérie avec sa sélection de Guinée pour la troisième journée des éliminatoires de la Coupe du monde 2026, dans le groupe G. A 31 ans, le défenseur central – qui est libre de tout contrat depuis son départ du Stade Lavallois – revient sur ses premiers pas avec le Syli National, sur la confrontation avec les Fennecs et sur un avenir professionnel qui pourrait se dessiner du coté d’Alger.
Vous avez été appelé pour la seconde fois en sélection après des débuts avec la Guinée en mars dernier ? On vous imagine fier et content d’avoir donné satisfaction au coach, Kaba Diawara.
Yasser Baldé : C’était déjà une satisfaction d’avoir été appelé une première fois. Cela veut dire que le travail en club a été récompensé. Etre rappelé prouve que j’ai montré une sorte de fiabilité et d’assurance pour le sélectionneur.Il me redonne sa confiance. J’ai vraiment envie de lui montrer qu’il ne s’est pas trompé.
A 31 ans, avez été surpris d’avoir été sollicité par votre pays d’origine alors que votre parcours en club ne laissait pas entrevoir une telle configuration ?
Je ne suis pas surpris parce qu’avec mon club du Stade Lavallois, on a fait une top saison. On a toujours été en haut du classement. Je suis peut être étonné d’être entouré de grands joueurs comme Serhou Guirrassy, Mohamed Bayo, Ilaix Moriba…Je prends cela comme une très bonne récompense. Je vais essayer de ne pas m’arrêter là.
Votre frère et ex-international guinéen Dian Bobo Baldé vous a-t-il donné quelques conseils ?
Il m’a souvent dit qu’il n’avait pas grand chose à m’apprendre puisqu’avec l’AJ Auxerre, j’avais fait une belle école de foot. Il insistait surtout sur l’aspect mental. Il me disait que la différence entre les joueurs amateurs et professionnels, c’est que les pros gèrent leurs émotions face à l’adversité, à la pression et au public. Il répétait que le jour où j’arriverais à gérer mes émotions, dans les bons et mauvais moments, je réussirais à valider les paliers. Aujourd’hui, j’appréhende un peu moins les matchs. Je les prends avec simplicité.
Vous avez été titularisé à deux reprises contre le Vanuatu et les Bermudes. Que retirez vous de cette première expérience internationale ?
Le niveau est totalement différent quand il s’agit de défendre un club ou son pays. On le ressent dans les duels et dans l’impact. Il y a également le coté émotionnel de l’hymne national. C’est magique. Je ne serais jamais assez reconnaissant envers le sélectionneur de m’avoir offert cette opportunité.
Votre entraineur à Laval, Olivier Frapolli, louait dans une interview votre personne en mettant en avant : « un modèle de mentalité et d’état d’esprit ». Pourriez vous nous dire quel type de défenseur vous êtes ?
Je tiens tout d’abord à remercier le coach Frapolli pour ses propos. En tant que défenseur, je suis assez pressant.Je suis plutôt à l’ancienne, très dur sur l’homme, agressif. Je ne suis pas passif mais dans l’action.J’aime les duels et aller chercher les mecs. Je pense aussi avoir une bonne qualité de relance.
Kaba Diawara a été maintenu à juste titre à son poste d’entraineur après sa belle CAN et la qualification de la Guinée pour les Jeux Olympiques. Comment le définiriez vous en tant que sélectionneur ?
C’est un sélectionneur à la Ancelotti.C’est une sorte de grand frère. Il insiste beaucoup sur l’aspect humain. Il nous parle beaucoup. Il nous rassure. Cela nous donne envie de nous battre pour lui sur le terrain. Il est très calme et simple. Il sait qu’il a des joueurs de qualité en face de lui. Il ne cherche pas à leur faire la morale. Il recadre quand il le faut tout en nous laissant pas mal de liberté. Il nous fait totalement confiance.
Vous vous êtes préparés au Maroc : n’a-t-il pas manqué la ferveur populaire qu’il y à Conakry ?
On aurait rêvé de se préparer en Guinée et d’avoir un stade prêt pour accueillir un match. Ce n’est malheureusement pas le cas. C’est dommage pour le peuple guinéen. On a toutefois été très bien accueillis au Maroc. Il nous ont mis dans de très bonne conditions.
Votre maman étant marocaine, vous vous êtes un peu senti à la maison, non ?
Je suis chez moi. Je parle la langue. Cela m’a facilité. Je ne sens pas de différences.
Quel est l’état d’esprit qui règne actuellement au sein du Sily ?
Ce n’est que du plaisir. On est contents de se retrouver. On a vraiment hâte de jouer cette belle équipe d’Algérie. On sait que c’est une très grande nation africaine. On va essayer de sortir un gros match.
On a l’impression qu’il y a une bonne dynamique en Guinée après la CAN réussie en Côte d’Ivoire et la qualification pour les JO. Ressentez vous cet esprit positif qui habite les Guinéens ?
Effectivement, il y a beaucoup d’ondes positives après ce quart de finale de CAN et une qualification historique aux JO. On va essayer de faire durer cela.
Demain (ndlr, entretien réalisé mercredi) aura lieu le match entre l’Algérie et la Guinée, à Alger. Est-ce le duel des favoris pour la qualification au Mondial ?
Je n’ai pas envie de m’avancer. Les équipes africaines, et on l’a vu à la CAN, ont beaucoup progressé. On ne peut plus parler de favoris en Afrique. Toutes les nations peuvent désormais bien se préparer et faire de bons stages. Elles ont de quoi rivaliser avec les gros. Je n’aurais donc pas la prétention de dire qu’on fait partie des favoris. On a une belle équipe mais on va rester dans l’humilité. On va essayer d’être grands sur le terrain.
Que redoutez vous chez cet adversaire ?
C’est une très belle équipe avec des joueurs de qualité. Il auront de surcroit le soutien du public. Cela risque d’être hostile et difficile mais on a des joueurs de caractère. On est en capacité de rivaliser.
Les absences de Riyad Mahrez ou de Youcef Belaili sont -elles une bonne nouvelle pour la Guinée ?
Ce sont deux grands joueurs. S’ils ne sont pas là, cela veut dire que l’Algérie se prive de top joueurs. Il ne faut pas sous estimer ceux qui sont avec la sélection. Je pense à Said Benrahma ou Yacine Brahimi…Dommage pour Mahrez et Belaili mais il ne faut pas oublier que l’Algérie a un réservoir très solide.
Au delà de la non convocation des deux joueurs, l’Algérie entame un nouveau cycle avec Vladimir Petkovic qui a remplacé fin février Djamel Belmadi. Est-ce finalement le bon moment pour affronter les Fennecs ?
Il n’y a jamais de bons moments. L’Algérie sort malheureusement d’une CAN ratée. Il n’y a pas plus dangereux qu’une bête blessée. Ils auront envie de se racheter devant leur public. Le changement de sélectionneur peut au contraire leur amener une nouvelle fraicheur mentale. Cela sera très difficile.
L’Algérie est en tête avec 6 points, la Guinée suit avec 3 points. Diriez vous que la rencontre de jeudi déterminera la suite des éliminatoires ?
C’est un match décisif. Il faudra au moins ne pas perdre. Les deux équipes vont essayer de gagner. Etant donné que toutes les équipes en Afrique se sont améliorées, un résultat négatif ne nous condamnerait pas pour la qualification.
Vous êtes en fin de contrat avec le stade lavallois. Quid de votre avenir ?
J’ai reçu de très belles propositions notamment financières. Il y a eu quelques marques d’intérêt de pays du Golfe mais i n’y a pas eu d’offres. En revanche, j’ai des contacts avec des clubs algérien, marocain et thaïlandais. Il faut que je voie cela avec mes proches et avec le sélectionneur pour savoir ce qui est bon pour moi. Aujourd’hui, j’ai 31 ans. Je ne peux plus penser comme un gamin de 20 ans. A moi de faire le bon choix de carrière.
Entretien réalisé par Nasser Mabrouk