Alors que l’épidémie de coronavirus reflue mais reste encore à un niveau élevé en Algérie, la question du prix des tests sérologiques appliqués par les laboratoires privés fait débat dans le pays. 

Chef de service du Laboratoire central de l’Etablissement public hospitalier (EPH) de Rouïba, Kamel Djenouat est monté au créneau pour dénoncer l’incohérence des tarifs pratiqués pour les tests en laboratoire. Il demande ainsi aux autorités compétentes de plafonner les prix afin « de les rendre accessibles à tous les citoyens ».

En effet, l’Algérien doit aujourd’hui débourser selon le lieu du prélèvement « entre 1500 et 4000 dinars », déplore le Professeur en immunologie . Un cout exorbitant, poursuit-il, « par rapport au revenu moyen du simple citoyen, et au regard des prix oscillant entre 600 et 900 DA des réactifs utilisés et qui sont produits localement ». 

Une marge financière considérable qui profite à des propriétaires de labos uniquement « mus par le gain rapide en cette situation particulière », fustige le médecin .  

Afin que les choses rentrent dans l’ordre, M.Djenouat milite pour que le ministère de la Santé crée « un service en charge du fonctionnement et de l’organisation des laboratoires d’analyses médicaux privés ». Cette nouvelle structure viendrait ainsi se substituer à l’actuelle Direction de la pharmacie et des équipements médicaux (DPEM) qui, explique-t-il, est « essentiellement chargée de la gestion et de la régulation des médicaments et non pas des réactifs et tests destinés aux laboratoires ». 

Intervenant également dans le débat, le président du Conseil national de l’Ordre des Médecins (CNOM), Dr. Bekkat Berkani abonde dans le sens de son confrère. Il rappelle que les tests sérologiques « sont des analyses d’orientation uniquement » dont les tarifs devraient « être fixées par la tutelle ». 

Il est en outre favorable à ce que les laboratoires privés puissent proposer « des tests PCR » qui sont actuellement de la seule exclusive de l’Institut Pasteur, des labos d’universités et des Centres Hospitaliers Universitaires (CHU). 

Une fois le tarif plafonné, le bénéfice serait ainsi double selon le responsable du CNOM : « mettre fin à la spéculation et de réduire la pression de la demande sur l’Institut Pasteur et les laboratoires des universités et des CHU ».

Le président de l’Association nationale des laboratoires d’analyses médicales (ALMA), Dr. Abdelhalim Chachou, rappelle quant à lui qu’il s’agit d’un problème de régulation due à « une absence de nomenclature qui remonte à 1987 ». La non actualisation de celle-ci est la cause, regrette-t-il, de « l’anarchie enregistrée dans les prix, notamment dans les grandes villes ».

L’appel Dr. Chachou semble cependant avoir été entendu par la Directrice générale de la Pharmacie et des équipements médicaux au ministère de la Santé, le Pr. Wahiba Hadjoudj.

La responsable de la DPEM a tenu à rassurer les professionnels de santé en annonçant l’élaboration, en cours, « d’une réglementation pour les laboratoires d’analyses médicales, et de la préparation d’une nomenclature des prix en coopération avec la CNAS » afin, promet-elle, « que le citoyen soit remboursé au prix réel ».

Amale Hoummati