Face à l’urgence de la situation sanitaire en Algérie, avec le franchissement quotidien des 1000 nouveaux cas de coronavirus, la directrice adjointe des services de santé au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Lamia Yacef, a annoncé mardi à Alger que la capacité d’accueil des malades atteints de la Covid-19 dans les hôpitaux sera portée à 65%.
La recrudescence spectaculaire du nombre de personnes contaminées par le SARS-coV2, sur ces dernières semaines, a incité les pouvoirs publics « à porter la capacité d’accueil dans les hôpitaux à 65% », a déclaré à l’APS Mme Yacef.
En moyenne, sur le territoire national, la capacité d’accueil des malades dans les services hospitaliers dédiés à la Covid-19 frôle les 50% (49,49%) pour les hospitalisations et 38,66% pour la réanimation. Mais pour certaines wilayas, notamment celles connaissant une forte densité de population comme Alger, Blida, Tizi-Ouzou, Sétif, Saida, Constantine ou Bordj Bou Arréridj, « le taux d’occupation des lits se situe entre 51 % et 80% », rappelle la haut fonctionnaire.
Pour expliquer ce bilan alarmiste, la responsable de la Santé a fustigé en creux le comportement des citoyens qui ont pris quelques largesses avec les gestes barrières une fois le confinement levé. « Un relâchement de la vigilance a été observé après le déconfinement, en septembre et octobre derniers, dans les commerces, les transports en commun et les marchés », a-t-elle déploré.
Directeur général de l’Etablissement hospitalo-universitaire (EHU) Mustapha-Pacha, Benana Abdessalem, a quant à lui pu comptabiliser mardi dans son service 70 patients « dont 18 ont été hospitalisés » tandis que les 52 autres « se sont vu prescrire des médicaments pour suivre leur traitement à domicile », précise-t-il.
Si la situation venait à se dégrader davantage, M.Benana affirme que son établissement sera en mesure de mobiliser « 250 lits supplémentaires pour l’hospitalisation et 90 pour la réanimation ».
Si les hôpitaux algérois connaissent une affluence grandissante de personnes positives au coronavirus, le reste du pays vit au même rythme que sa capitale. Mohamed Yousfi, chef de service d’infectiologie à l’EPH de Boufarik et Président du Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP) admet ainsi que la plupart des wilayas subissent « une forte pression » – bon nombre de malades devant être placés sous respirateurs artificiels -, et que le personnel soignant est « fortement épuisé ».
« Les cas qui affluent vers les hôpitaux sont plus graves que ceux des derniers mois. Certains décèdent avant même d’atteindre le seuil de l’établissement et les services de réanimation.L’établissement n’a jamais atteint ce taux de mortalité », s’alarme-t-il par ailleurs.
De son coté, le professeur Djamel Eddine Nibouche, chef de service Cardiologie à l’hôpital Nefissa Hamoud (ex-Parnet) regrette que l’aggravation de la situation soit due à l’insouciance des jeunes « qui ignorent être porteurs du virus et qui ne respectent pas les mesures préventives, causant la transmission du virus à leurs proches et entrainant parfois le décès des malades chroniques ».
« Un virus peut muter et devenir plus ou moins virulent. Une mutation génétique du virus se propage rapidement dans le monde depuis cet été.Cette modification rend le virus plus infectieux mais moins dangereux », analyse M. Nibouche.
Le cardiologue prévient tout de même – en guise de conclusion – que c’est au moment d’une accalmie « qu’il faut redoubler de vigilance, en incitant les populations à respecter strictement les mesures barrières ».
Amale Hoummati