L’Algérie célèbre ce samedi le 76ème anniversaire des massacres du 8 mai 1945 par le colonialisme français. Des évènements qui ont fait environ 45 000 victimes, selon les historiens algériens, dans les villes de Sétif, Guelma et Kherrata.

L’instauration de la Journée nationale de la mémoire, voulue par le Président de la république, Abdelmadjid Tebboune, a coïncidé pour la première fois cette année avec les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata qui ont fait 45 000 victimes algériennes – 15 000 selon certains historiens en France -, et une centaine de morts chez les colons européens. 

En ce 8 mai 1945, deux scènes diamétralement opposées se déroulent des deux cotés de la Méditerranée. Tandis que les citoyens français fêtent allègrement la libération de leur pays, après la victoire des Alliés – à laquelle des milliers d’Algériens ont participé -, sur l’Allemagne d’Hitler, une répression sanglante s’abat, au même moment, dans l’Est de l’Algérie. 

45 000 victimes de la répression

Des dizaines de milliers d’Algériens, sortis dans les rues réclament de manière pacifique – pour services rendus dans les différentes campagnes militaires françaises – l’indépendance de l’Algérie. Ils sont pris à partis par les colons puis par l’armée française qui déploiera tout un arsenal militaire pour mater la contestation naissante. 

Après plusieurs jours de répression féroce, les pertes humaines sont terribles : 45 000 âmes sans vies sont à déplorer coté algérien. 

Ces massacres constitueront cependant, dans l’histoire de l’Algérie contemporaine, un point de non retour. En effet, les prémices de la guerre d’indépendance, qui sera déclenchée le 1er novembre 1954, se consolideront au cours de ces événements particulièrement traumatisants pour la population « indigène ». 

Après sept ans de lutte acharnée contre l’occupant français, l’Algérie finira par arracher sa liberté, en mars 1962, à l’occasion des accords d’Evian qui marqueront officiellement la fin de la guerre d’Algérie. 

Une timide reconnaissance des événements du 8 mai 1945

Si le personnel politique français refuse encore de qualifier les événements du 8 mai 1945 de crimes contre l’humanité, un début de reconnaissance non officielle s’est pourtant fait jour ces dernières années. 

Ainsi en décembre 2012, dans son discours devant le parlement algérien, François Hollande – évoquant les massacres du 8 mai 1945 – avait déclaré : « le jour même où le monde triomphait de la barbarie, la France manquait à ses valeurs universelles ». 

Né après l’indépendance de l’Algérie, Emmanuel Macron qui souhaite « apaiser les mémoires » a de son coté mené un certain nombre de gestes symboliques en déclassifiant les archives datant de plus de 50 ans, et en reconnaissant la responsabilité des militaires français dans les enlèvements et les meurtres des militants nationalises Maurice Audin et Ali Bounmendjel.

Le Président français qui « n’a jamais affiché autant d’ambition en matière de réconciliation mémorielle », selon le propos de l’ambassadeur de France à Alger, François Gouyette, sera-t-il le premier à reconnaitre enfin la responsabilité de l’armée française dans les massacres du 8 mai 1945?

Amale Hoummati