Congrès de la Soummam 20 aout 1956

Il y a 65 ans, le 20 aout 1956 se concluait le congrès de la Soummam ( 13 au 20 août). Un événement décisif qui posera un cadre politico-militaire à la révolution algérienne en venant compléter la déclaration du 1er novembre 1954. 

C’est dans le hameau d’Ifri Larbi Ben M’hidi (zone V, président du Congrès) que, durant une semaine, se sont réunis Abane Ramdane (coordinateur d’Alger, secrétaire du Congrès), Youcef Zighoud, Si M’Hamed Bougara (zone II), Krim Belkacem (zone III), Amar Ouamrane (zone IV), Lakhdar Bentobal, Slimane Dehilès, Commandant Azzedine, Si Lakhdar, Ali Khodja et Ali Mellah (zone VI). Deux cadres manquaient à l’appel : Mostefa Ben Boulaïd (zone 1), décédé au combat, et Ahmed Ben Bella, le représentant de la délégation de l’étranger. 

Ce conclave secret sera l’élément structurant de la révolution algérienne tant au niveau national qu’international. Sous son égide naitront le Conseil national de la révolution algérienne (CNRA), une sorte de parlement, et le Comité de coordination et d’exécution (CEE), sa direction politique.

« Le congrès de la Soummam nous a donné ce formidable sentiment que nous avions déjà un État », dira quelques années plus tard l’officier de l’ALN à la wilaya IV, Ali Lounici.

Un congrès de la Soummam qui structure la révolution algérienne

Présidés par Larbi Ben M’hidi, les travaux du congrès dresseront le bilan de 22 mois de révolution depuis le déclenchement de la lutte armée, le 1er novembre 1954.

L’organisation des forces vives obéissait à une hiérarchie bien définie. L’Algérie était ainsi divisée en six wilayas qui étaient subdivisées en zones qui comprenaient elles mêmes plusieurs régions lesquelles étaient sectorisées. Chaque wilaya était dirigée par un conseil de wilaya sous l’autorité d’un colonel, qui était assisté de trois adjoints. La zone étant quant à elle chapeautée par un capitaine qui avait pour assistants trois lieutenants. Le même dispositif était appliqué au secteur dont le commandant, un adjudant, était épaulé de trois sergents chefs.

Sur le terrain, les combattants étaient organisés en unités de combat. La plus importante était la Katiba qui comptait 110 hommes. Elle se divisait en Ferka (section) de 35 hommes maximum qui se décomposait elle-même en Fawdj (groupe) de 11 hommes.

Une organisation indépendante des influences externes

Malgré les accusations – de la France – d’inféodation aux puissances coloniales, la plateforme de la Soummam a toujours revendiqué son indépendance en martelant  :  « La Révolution algérienne est un combat patriotique dont la base est incontestablement de caractère national, politique et social. Elle n’est inféodée ni au Caire, ni à Londres, ni à Moscou, ni à Washington ». 

L’unité au sein du congrès connaitra finalement quelques tiraillement en 1957 entre les Nasséristes (l’armée des frontières adepte du panarabisme du proche du Colonel égyptien Gamal Abdel Nasser) et les « indépendantistes » (l’armée de l’intérieur). La sacro-sainte « primauté du politique sur le militaire », qui constitua l’un des fondements du Congrès, va être remise en cause par Ahmed Ben Bella. Les tensions monteront d’un cran suite à l’assassinat d’Abane Ramdane en décembre de la même année, puis avec les purges qui s ‘ensuivront. 

Ces conflits n’empêcheront pas le destin de tout un peuple de se réaliser. Après 8 années de lutte et 132 années de colonisation française, l’Algérie accède le 5 juillet 1962 à son indépendance.

Amale Hoummati