Face au marasme dans lequel se trouve le tourisme en Algérie et après moult projets de loi inefficaces pour développer le secteur, Mohamed Bourad, créateur de Sahara Consulting Tourisme tire la sonnette d’alarme. Pour l’expert touristique, une industrie digne de nom nécessite un véritable un plan d’action.

Une loi est en cours d’élaboration par les services du ministère afin de définir les grandes orientations qui doivent dessiner le futur paysage touristique algérien. Comme souvent, l’avis des professionnels est marginalisé voire ignoré par les hauts fonctionnaires en charge du secteur. En tant qu’expert du tourisme depuis 40 ans, je propose quelques idées phares pour sortir de l’ornière une industrie qui n’a jamais vraiment décollé. 

1- Une loi d’orientation n’est pas un catalogue fourre-tout. Elle doit être concise, claire et cibler l’essentiel en définissant les enjeux, les défis et les contours des grands chantiers à mener sur les 30 prochaines années. 

2- Elle doit se projeter sur l’avenir en identifiant les grands défis à mener à différents niveaux : local, régional, national et international.

3 -Elle doit dresser les contours d’une organisation administrative locale, régionale et nationale rénovée, proactive et performante et qui colle aux défis et enjeux du pays et des marchés. 

4- Elle doit définir les ambitions internationales du tourisme tout en insistant sur la construction d’une destination durable qui représenterait une manne supplémentaire pour le pays à coté de celle des hydrocarbures. 

5- Elle doit définir les grandes orientations du tourisme interne en insistant sur la politique et les stratégies à développer. Elle doit prévoir le grand modèle de développement touristique identifiant les filières sur tous les territoires concernés en fixant des priorités.

6- Elle doit prendre en charge les réelles préoccupations des professionnels, des experts, des académiciens, des hommes ressources, des médias, des leaders d’opinion, des fonctionnaires des collectivités locales (commune, wilaya, ministère) et du mouvement associatif.

7- Elle doit prendre en compte la gestion des ressources humaines (RH) et préconiser les orientations cibles en matière de valorisation des RH, de formation, d’apprentissage et de recyclage des compétences.

8 – Elle doit s’inscrire dans le cadre du développement durable territorialisé au niveau de chaque commune, wilaya et espace géographique.

9 – Elle doit obligatoirement décliner la durabilité pour tous les espaces géographiques (littoral, forêts, hauts plateaux, désert) mais également dans les activités touristiques, les produits, les filières, les transports, les hôtels, les hébergements non hôteliers (gite, refuge, bivouac, camping…).

10- Elle doit aussi tracer les contours de la destination Algérie en matière de promotion d’image, de réputation tout en faisant ressortir la transversalité du secteur qui aura besoin de tout le monde pour se hisser a un niveau d’excellence et sortir du bourbier dans lequel il est confiné depuis des décennies.

Par Mohamed Bourad, dirigeant de Sahara Consulting tourisme