Algérie mort 17 octobre 1961

L’Algérie et la communauté algérienne de France commémorent ce dimanche le soixantième anniversaire de la répression du 17 octobre 1961, par les forces de police de Maurice Papon, qui a provoqué la mort à Paris plusieurs centaines d’Algériens.  

Ce 17 octobre 1961, ils étaient des dizaines de milliers à avoir répondu à l’appel de la Fédération parisienne du Front de Libération National (FLN) – qui comptait environ 80 000 adhérents en Ile de France – qui souhaitait protester pacifiquement contre le couvre-feu imposé par la préfecture de police de Paris, à partir 20h30, aux seuls Algériens.

Les manifestants partis de leurs banlieues défilaient silencieusement avec pour unique slogan : « L’Algérie à nous ». La guerre d’Algérie touche alors à sa fin avec les accords d’Evian –  marquant officiellement la fin de la colonisation française après 132 ans de présence – qui seront signés le 19 mars 1962.

Ce soir d’automne, sous la férule de Maurice Papon, préfet de police de Paris, les forces de l’ordre – équipées de bâtons et d’armes à feu – vont se livrer à de véritables exactions contre des hommes, en très grande majorité, des femmes et parfois des enfants, dont le seul tort était de réclamer l’égalité de traitement avec le reste de la population.

Durant plusieurs jours, c’est un véritable déchainement de violence qui s’abat sur les immigrés algériens, et les quelques Marocains et Tunisiens solidaires de leurs coreligionnaires. L’ancien Inspecteur Général de l’Administration à Constantine, entre 1956 et 1958, laissera ses hommes reproduire à Paris la même répression dont il avait usée en Algérie. 

Coups de matraque, strangulations ou exécutions sommaires sont le lot des exactions subies par la foule silencieuse. Des dizaines de victimes, conscientes ou dans un état second, seront jetées dans la Seine. Certaines tentant d’en réchapper à la nage seront même visées par des tirs de policiers. Plusieurs corps ne seront d’ailleurs jamais retrouvés. 

Le Palais des sports, le stade de Coubertin et d’autres sites parisiens serviront en outre de lieu de rétention à 12 000 Algériens qui en ressortiront avec de nombreuses séquelles physique et morale. 

Longtemps, ces massacres ont été occultés en France. Il a fallu attendre 2003 et le travail d’investigation du journaliste Didier Daeninckx et de l’historien Jean Luc Einaudi pour que ce pan de l’histoire de la guerre d’Algérie soit enfin connu.

Chez les hommes politiques, François Hollande a été le premier Président de la république à admettre une « sanglante répression ». 

Emmannuel Macron qui a rendu hommage aux victimes samedi après midi sur le pont de Bezons a quant à lui préféré pointer du doigt le rôle du préfet de police de l’époque sans reconnaitre la responsabilité de l’Etat. 

« Les crimes commis cette nuit-là sous l’autorité de Maurice Papon sont inexcusables pour la République », a indiqué dans un communiqué l’Elysée.

En Algérie, le chef de l’Etat, Abdelmajid Tebboune a aussi tenu à saluer, à l’occasion de la journée nationale de l’immigration, la mémoire des victimes.

«  Les martyrs de ces abominables massacres ont rejoint, avec bravoure et honneur, leurs frères qui se sont sacrifiés à travers les résistances populaires et durant la glorieuse Guerre de libération nationale. Leurs sacrifices demeureront une référence étincelante témoignant de l’attachement des enfants de la communauté à la patrie et d’une des épopées de la lutte du peuple algérien… », a écrit le locataire d’El Mouradia. 

Une manifestation à l’appel de 121 associations dont la Ligue des droits de l’homme partira, cette après midi à 15 heures, depuis le cinéma le Rex (9ème arrondissement) pour rejoindre le pont Saint Michel, lieu de la plaque commémorative des massacres du 17 octobre 1961.

Amale Hoummati