François Gouyette, le nouvel ambassadeur de France en Algérie, était l’invité d’Ihsane El Kadi mercredi dans l’émission Offshore sur Radio M. Le diplomate français en a profité pour clarifier la position de son pays vis à vis de l’Algérie tout en réaffirmant que la relation « singulière » entre les deux partenaires ne tolérait « ni ingérence, ni indifférence » de la part de Paris. Morceaux choisis.

« Je crois que le Président Macron attache une grande importance à la relation avec l’Algérie. Il considère que nous pouvons la refonder, la relancer sur des bases saines et positives. Nous devons discuter avec les Algériens de ces champs de coopération qui peuvent être très vaste.Dans ce contexte, il a considéré que la relation qu’il avait nouée avec le Président Tebboune permettait d’aller de l’avant. Ils ont convenu d’avancer ensemble et de bâtir cette relation ».

« Je considère que le Président Macron a été mal compris par ceux qui ne l’ont pas compris. Il a effectivement constaté qu’après son élection le Président Tebboune a exprimé le souhait d’ouvrir un certain nombre de chantiers, de réformes qui permettent de répondre à ces aspirations. Il fallait un certain courage à prendre en main les rênes du pays dans un contexte aussi extraordinairement compliqué que celui qu’a connu l’Algérie tout au long de l année 2019. Il n’a rien voulu dire d’autres ».

« Le départ de l’ancien Président a ouvert une nouvelle phase, un processus qui doit durer un certain temps. Ce n’est pas à nous de dire combien de temps il doit durer, sous quelles formes il doit aboutir, et à quelles conclusions il doit arriver ».

« On considère que la France a vis à vis de l’Algérie des sentiments de distance voire de condescendance. Je voudrais rappeler en précisant les choses sur quoi est fondée notre politique vis à vis de l’Algérie. C’est le dytique : ni ingérence, ni indifférence.Nous n’avons aucune intention de nous ingérer dans les affaires de l’Algérie qui est un pays souverain dont nous respectons l’indépendance. Il appartient aux Algériens de définir leur destin.

« Nous sommes très attentifs à ce que disent les Algériens dans leur pluralité. Nous avons entendu un certain nombre de revendications exprimées par le mouvement populaire du Hirak. Le Président a eu l’occasion de le saluer. Il y a un certain nombre de déclarations d’engagement qui ont été faites par le nouveau Président pour ouvrir des réformes qui répondraient à ces aspirations. Nous considérons que c’est quelque chose qu’il faut suivre avec attention ».

« J’entends voir le moment venu les responsables des partis politiques divers et variés de la scène algérienne. Je ne m’interdis rien ».

« On ne parle pas d’excuse ou de repentance mais de reconnaissance des faits historiques.Ce qui est important, c’est ce qui a été fait déjà. Il y des faits et des actes. Je parle de la reconnaissance du crime qu’a constitué l’assassinat de Maurice Audin – pendant la bataille d’Alger – qui engage la responsabilité de l’Etat de l’époque naturellement. Il l’ a reconnu. Il s’est personnellement impliqué pour qu’aboutisse la discussion qui a été longue et pas toujours simple avec la partie algérienne pour la restitution des crânes de 24 combattants du 19è siècle tués dans les circonstances que l’on sait, et entreposés au musée de l’homme. Il est prêt à aller de l’avant sur ce chemin de la mémoire que nous défrichons avec Benjamin Stora, d’abord en franco-français et avec nos amis algériens ».

« Ce qui important, c’est le tissu humain et relationnel qui a été forgé par l’histoire, pour le meilleur et pour le pire. Dans le pire, il y a les crimes et il faut les reconnaitre. Mais il y a aussi le meilleur avec les relations humaines qui fait que la relation franco-algérienne est singulière, et certainement pas banale ».

«Nous sommes attachés à ce que l’Algérie se développe où les gens sont heureux.C’est un pays à très fort potentiel.Les entreprises françaises en sont conscientes.Elles sont prêtes à travailler avec l’Algérie dès lors que le cadre juridique approprié leur permet de travailler de manière profitable ».

« Le stock des investissements français est important avec 2,7milliards d’euros. C’est le premier investisseur étranger en stock.Le commerce bilatéral est important avec 4 milliards d’euros. La France est le premier partenaire commercial après la Chine.Nous sommes le premier fournisseur. Nous avons de beaux restes même en temps de Covid ».

« Sur le Saha Occidental, nous n’avons pas une position identique avec l’Algérie mais nous avons un objectif identique qui est une solution politique mutuellement agréée et acceptable par les parties. Cela ne peut se faire que dans le cadre des Nations Unis.Nous soutenons les efforts des Nations Unis pour parvenir à un règlement réaliste et envisageable. Et comme l’Algérie nous souhaitons que soit rapidement nommé un représentant spécial du Secrétaire Général pour pouvoir reprendre les discussions ».

Mansouria Fodeili