Le ministère des Affaires étrangères algérien (MAE) a condamné samedi la résolution* adoptée par le Parlement européen sur la situation des droits de l’homme en Algérie. Alger précise que le « contenu outrancier » du texte n’est qu’un « chapelet d’injures et d’avanies à l’endroit du peuple algérien, de ses institutions et de l’Etat algérien ».

« Le parlement Européen a cru devoir adopter, selon une procédure dite d’urgence pour le moins douteuse, une nouvelle résolution sur la situation en Algérie dont le contenu outrancier se résume à un chapelet d’injures et d’avanies à l’endroit du peuple algérien, de ses institutions et de l’Etat algérien », indique le communiqué du MAE.

Le courroux des autorités algériennes intervient suite à la résolution « Détérioration de la situation des droits de l’homme en Algérie, en particulier le cas du journaliste Khaled Drareni »  de Strasbourg (siège du Parlement européen) qui a été adoptée à une écrasante majorité de 669 voix pour, 3 contre et 22 abstentions.

Après avoir rappelé que le gouvernement algérien a reçu entre le 30 mars et le 16 septembre 2020 quatre communications – dans le cadre des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme des Nations unies sur les arrestations violentes et arbitraires, les procès inéquitables et les représailles à l’encontre de défenseurs des droits de l’homme et de militants pacifiques – l’instance européenne a condamné avec fermeté « l’escalade des arrestations et détentions illégales et arbitraires et du harcèlement juridique dont sont victimes les journalistes, les défenseurs des droits de l’homme, les syndicalistes, les avocats, les membres de la société civile et les militants pacifiques en Algérie…». 

Elle s’est par ailleurs dit inquiète du « caractère restrictif » des nouvelles lois telles que la loi nº 20-06 qui criminalise, selon elle, « de manière arbitraire la diffusion d’«informations fallacieuses» souillant l’honneur de fonctionnaires publics et le financement d’associations…. », et qui « comporte plusieurs dispositions qui enfreignent les normes internationales en matière de liberté d’expression et d’association, notamment les articles 19 et 22 du PIDCP** ».

En réponse, la diplomatie algérienne a estimé que cette résolution n’aurait pour conséquence « que de porter atteinte aux relations de l’Algérie avec ses partenaires européens ».

Et de poursuivre : « L’Algérie déplore la tonalité foncièrement haineuse et teintée de paternalisme de ce texte, qui dénote d’une hostilité avérée digne de la période coloniale de certains milieux européens à l’égard du peuple algérien et de ses choix souverains ».

Rappelant qu’elle entretient avec l’Europe « des relations fondées sur les principes de l’égalité souveraine, du respect mutuel et de la non-ingérence dans les affaires intérieures de l’autre », Alger précise qu’elle n’acceptera pas que la représentation européenne « s’immisce de manière aussi grossière et inadmissible dans ses affaires intérieures ».

A noter que ces tensions interviennent quelques jours après la polémique suscitée par l’interview – qualifiée d’ingérence par l’opinion hirakiste algérienne – donnée à Jeune Afrique par le Président français Emmanuel Macron. Ce dernier avait salué « le courage » d’Abdelmadjid Tebboune tout en affirmant vouloir « faire tout (son ) possible pour l’aider » dans la « période de transition » que vit l’Algérie.

Mansouria Fodeili

* https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/TA-9-2020-0329_FR.html

** Pacte international relatif aux droits civils et politiques